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L'Erythrée persécute ses détracteurs exilés à l'étranger, dénonce Amnesty

Des sympathisants et des responsables du gouvernement érythréen à l’étranger harcèlent et intimident les défenseurs des droits humains et les militants exilés qui critiquent le régime (image d'illustration). [Reuters - Baz Ratner]
Les détracteurs du gouvernement erythréen persécutés au-delà des frontières du pays, selon un rapport d’Amnesty / La Matinale / 1 min. / le 27 juin 2019
Un rapport de l'ONG Amnesty International révèle que les détracteurs du gouvernement érythréen font l'objet de répression bien au-delà des frontières du pays. La Suisse n'est pas épargnée.

Le document explique qu'à travers leurs ambassades, les autorités du régime d'Isaias Afwerki et leurs sympathisants s'en prennent régulièrement aux défenseurs des droits humains et aux militants exilés, à travers des tentatives d'intimidation sur les réseaux sociaux et des menaces physiques. Ils sont particulièrement ciblés au Kenya, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Norvège, en Suède et en Suisse. En Italie, le prêtre Mussie Zerai, nominé pour le Nobel de la Paix en 2015, est visé pour son travail avec les migrants.

Sympathisant du parti au pouvoir en Érythrée, le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ) et notamment sa section Jeunes sont en première ligne de ces attaques perpétrées en Europe. Amnesty dénonce l'intolérance de ce pays d'Afrique de l'Est, pourtant membre du Conseil des droits de l'Homme, aux côtés de 46 autres Etats.

Affaire classée à Genève

"[La menace] a été formulée sur Twitter, par des commentaires qui incitaient des partisans du régime à passer à l'action contre moi", explique Daniel Mekonnen, président de l'association Avocats érythréens en exil et établi à Genève depuis 2014. Il a été victime d'une seconde attaque en juin 2016 devant le Palais des Nations, en marge d'un dialogue avec une Commission d'enquête. "J'ai été presque attaqué par un groupe d'une dizaine d'individus qui m'a confronté. J'ai dû courir jusqu'à l'entrée principale pour obtenir la protection des agents de sécurité."

Aujourd'hui, le Ministère public du canton confirme avoir enquêté avant de classer l'affaire. "Je suis particulièrement déçu par la manière dont le département de police genevois et le bureau du procureur ont géré le dossier sur ces attaques", fait savoir Daniel Mekonne. "Ils ont donné pour seule excuse que sans pouvoir identifier les assaillants, ils ne pouvaient pas poursuivre l'enquête."

Attaque saluée publiquement

Les attaques ne sont pas réservées aux Erythréens, révèle aussi Amnesty. En novembre 2018, l'ancien rédacteur de BBC Africa Martin Plaut a été victime d'un piège lors d'une rencontre avec une "source" érythréenne à Londres. L'ex-journaliste et chercheur a alors été aspergé d'un liquide blanc et traité de "traître" par le partisan. L'acte a été salué sur Twitter par l'ambassadeur érythréen au Japon, qui a assimilé le travail de Martin Plaut à "une propagande déguisée".

Le rapport de l'ONG précise que le gouvernement érythréen poursuit la répression à l'intérieur du pays aussi. "Tout individu qui critique ouvertement le régime ou est perçu comme un détracteur est arrêté et détenu pour une durée indéterminée, sans inculpation ni jugement [...] Nous appelons le gouvernement à cesser immédiatement ces pratiques contre les opposants, à l'intérieur du pays comme à l'étranger."

cg/ani

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