Cette déclaration inattendue intervient un mois et demi après la
présidentielle contestée par l'opposition, menée par deux candidats
malheureux, le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi et le
réformateur Mehdi Karoubi. Ceux-ci refusent de reconnaître la
victoire du président Ahmadinejad en invoquant des fraudes.
"Comme l'Afghanistan et l'Irak"
"J'affirme (...) que la question des fraudes (lors de la
présidentielle) en Iran était un mensonge qui est sorti pour
provoquer des émeutes, pour que l'Iran devienne comme l'Afghanistan
et l'Irak, et endure des dommages et de la souffrance (...)", a
déclaré Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président sous le mandat
du président réformateur Mohammad Khatami (1998-2005).
"Si cela arrivait, il ne resterait ni le nom, ni aucune trace de
la Révolution", a poursuivi Mohammad Ali Abtahi. Ce dernier fut
également le conseiller du candidat Mehdi Karoubi lors de la
campagne électorale. Selon Mohammad Ali Abtahi, Mir Hossein
Moussavi et l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani
(1989-1997) avaient fait le "serment" de rester solidaires.
"Une trahison"
"Moussavi ne connaissait probablement pas le pays, mais Khatami,
sauf tout le respect que je lui dois (...), connaissait
parfaitement la situation. Il connaissait la puissance du Guide
suprême Ali Khamenei, mais il a rejoint Moussavi et ça, c'était une
trahison", a estimé Mohammad Ali Abtahi. Selon ce dernier, qui est
membre du clergé, Akbar Hachémi Rafsandjani avait en tête de se
venger de sa défaite à l'élection présidentielle de 2005, où
Mahmoud Ahmadinejad avait battu les réformateurs.
Mais Mohammad Ali Abtahi a reconnu que lui aussi avait trahi
l'Iran. "J'ai commis une erreur en participant aux rassemblements
(de protestation), mais Mehdi Karoubi m'a dit que nous ne pouvions
pas appeler à manifester avec des résultats aussi faibles, et qu'il
valait mieux descendre nous-mêmes dans la rue pour manifester",
a-t-il ajouté.
Mehdi Karoubi a obtenu officiellement 0,85% des voix lors de
l'élection, contre 63% pour Mahmoud Ahmadinejad.
Centaines d'accusés
Mohammad Ali Abtahi figure parmi une centaine de personnes -dont
plusieurs réformateurs- jugées à partir de samedi par un tribunal
révolutionnaire et accusées notamment de troubles à l'ordre public
lors des manifestations qui ont suivi la réélection contestée du
président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, ainsi que de
complot contre le régime en place. Tous ces accusés encourent la
prison ou la peine de mort (lire ci-contre).
Un autre accusé, Mohammad Atrianfar, membre important du camp
réformateur, a également exprimé sa loyauté envers le régime. "Tout
groupe radical ou mouvement qui agit au nom de la réforme (...)
dont le comportement vise à affaiblir le régime doit mettre fin à
ce type d'agissements et s'excuser", a-t-il indiqué, cité par
l'agence officielle Irna.
agences/mej
Cinq ans de prison ou la mort
Les accusés encourent une peine de cinq ans de prison, selon l'agence Fars.
Celle-ci a précisé que s'ils étaient reconnus coupables d'être "mohareb" ("ennemis de Dieu") ou d'atteinte à la sûreté de l'Etat, ils risquaient la peine de mort.
Jusqu'à 2000 personnes avaient été arrêtées lors des manifestations de protestation. La majorité ont depuis été libérées. Quelque 250 personnes sont toujours derrière les barreaux.
Une trentaine de personnes ont été tuées au cours de violences.
Vendredi, l'Iran a de nouveau accusé des puissances occidentales d'être derrière les manifestations, ce qui a été démenti une nouvelle fois samedi par Mir Hossein Moussavi.