Selon l'ONU, l'enquête menée par l'ancien juge sud-africain
Richard Goldstone a établi qu'"Israël avait commis des actions qui
équivalaient à des crimes de guerre, peut-être des crimes contre
l'humanité", au cours des opérations militaires conduites du 27
décembre au 18 janvier 2009 dans les Territoires palestiniens.
L'offensive avait fait plus de 1400 personnes.
D'après l'ONU, le rapport rendu public mardi à Genève "conclut
qu'il y a aussi des preuves montrant que des groupes armés
palestiniens ont commis des crimes de guerre, et peut-être aussi
des crimes contre l'humanité" en tirant des roquettes sur le sud
d'Israël.
Israël a refusé de coopérer avec l'enquête, affirmant que le
Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui l'a ordonnée
avait un préjugé contre l'Etat hébreu.
Une punition collective
Israël a imposé un blocus de la bande de Gaza qui équivaut à une
mesure de punition collective, affirme le rapport de 574 pages.
L'armée israélienne a fait un usage délibéré et disproportionné de
la force, ajoute la mission du juge Goldstone.
Le principe fondamental de distinction entre objectifs civils et
militaires n'a pas été respecté par l'Etat hébreu. "La politique
d'Israël qui prive les Palestiniens de la bande de Gaza de leurs
moyens de subsistance, de leurs emplois, de leur logement, de
l'accès à l'eau, qui nie leur liberté de mouvement et le droit à
entrer et à sortir librement de leur pays peut conduire un tribunal
compétent à estimer que le crime de persécution, qui est un crime
contre l'humanité, a été commis", affirme le rapport.
Le texte recommande que le Conseil de sécurité de l'ONU saisisse
le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) si, d'ici six
mois, Israël n'a pas enquêté de manière adéquate sur les violations
commises à Gaza et poursuivi leurs responsables.
Des obus au phosphore blanc
L'Etat hébreu "ne s'est pas entouré des précautions nécessaires
requises par le droit international pour limiter les pertes en vies
humaines, les blessures occasionnées aux civils et les dommages
matériels", dit le document.
Il cite "les tirs d'obus au phosphore blanc sur les installations
de l'UNRWA" (agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens),
"la frappe intentionnelle sur l'hôpital Al-Qods à l'aide d'obus
explosifs et au phosphore" et "l'attaque contre l'hôpital Al-Wafa"
comme autant de "violations du droit humanitaire
international".
Ce rapport a été présenté à New York par le président de la
mission du Conseil des droits de l'homme de l'ONU chargée
d'enquêter sur les violations commises lors de l'offensive
israélienne contre la bande de Gaza, Richard Goldstone.
Le rapport de l'ONU analyse en détails 36 incidents à Gaza, ainsi
que d'autres en Israël et en Cisjordanie, et est fondé sur 188
entretiens individuels représentant plus de dix mille pages de
documentation, ainsi que 1200 photographies. Les suites du rapport
doivent être discutées le 29 septembre par le Conseil des droits de
l'homme, réuni depuis lundi à Genève.
agences/sbo
Israël rejette les conclusions du rapport
Dans une première réaction, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a répété que son pays rejette le rapport Goldstone parce que son mandat est unilatéral et partial.
Malgré ces réserves, il a affirmé qu'"Israël s'engage à agir pleinement en accord avec le droit international et à examiner toutes les allégations de mauvaise conduite de ses forces".
Jérusalem rappelle que l'armée israélienne a ouvert des enquêtes sur plus de cent allégations concernant le comportement de ses forces pendant les opérations de Gaza.
"Même si la plupart de ces enquêtes ont été closes parce que les allégations étaient sans fondement, 23 enquêtes criminelles restent ouvertes", ajoute le ministère des Affaires étrangères.
Par ailleurs, l'Etat hébreu affirme que le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a eu recours à des boucliers humains durant le conflit.
Netanyahu inflexible sur le gel des colonies
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l'envoyé spécial américain George Mitchell se sont retrouvés mardi pour discuter de l'épineux dossier des colonies. Objectif: relancer d'ici la fin du mois les négociations avec les Palestiniens.
L'envoyé américain doit parvenir à un accord avec Benjamin Netanyahu sur l'arrêt des constructions dans les colonies juives, en échange de quoi les pays arabes s'engageraient sur la voie d'une reconnaissance de l'Etat d'Israël.
Toutefois, lundi, Benjamin Netanyahu a exclu une nouvelle fois un gel total de la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-est réclamé par les Etats-Unis et la communauté internationale.
Le Premier ministre a même fait part de son intention de donner un coup d'accélérateur à la colonisation avant d'annoncer une éventuelle suspension temporaire.
Il n'est disposé qu'à une simple «réduction» du nombre des mises en chantier en Cisjordanie, où vivent 300'000 Israéliens, a indiqué la radio militaire. Il exclut toute limitation de la construction à Jérusalem-est, où 200'000 Israéliens sont installés.
Mahmoud Abbas a pour sa part rappelé récemment qu'il ne reviendrait pas à la table des négociations, suspendues depuis l'offensive israélienne à Gaza en décembre et janvier derniers, tant qu'Israël n'aurait pas mis fin à ses activités de colonisation comme cela est prévu dans la «feuille de route» de 2003.