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De l'air toxique dans les avions nuirait à la santé des personnes à bord

Le syndrome aérotoxique
Le syndrome aérotoxique / Mise au point / 12 min. / le 30 juin 2019
Des émanations toxiques, provenant directement de l’air des moteurs, se retrouveraient dans la cabine des avions en vol. Du simple inconfort à des lésions plus sérieuses, ceux qui y ont été exposés mettent en avant les dangers pour la santé.

Nausées à répétition, pertes de mémoire et migraines continues sont autant de symptômes qu'ont vécus l'ancien pilote de ligne français Eric Bailet et la Suissesse Bearnairdine Baumann, ancienne hôtesse de l'air. Ils les attribuent à un défaut du système de pressurisation des cabines à bord des avions.

Des symptômes que d'autres membres d'équipage et des passagers ressentent également parfois sans toujours mettre un nom dessus. "La conséquence, à court terme, c'est l'état de confusion de ceux qui respirent ces substances et des troubles de mémoire", détaille Eric Bailet, qui a porté plainte contre son employeur pour mise en danger de la vie d'autrui. "Il peut y avoir un oubli de checklist. Cela a des conséquences sur la sécurité des vols", poursuit le pilote dimanche dans l'émission Mise au point.

"Mon coeur s'est emballé"

En vol, l'air respiré par les passagers de la majorité des avions est réchauffé et pressurisé par les réacteurs. Dans certains cas, par exemple quand une pièce est défaillante, des particules pyrolysées d’huile de moteurs passent dans le circuit d'air. Or, ces lubrifiants contiennent des organophosphorés: des neurotoxiques présents également dans les pesticides. Souvent, l'émanation toxique a une odeur, parfois pas.

"Ça sent très mauvais, comme si beaucoup de gens avaient vomi, comme s'il y avait dix chiens mouillés à bord", se rappelle l'ancienne hôtesse, qui affirme avoir vécu plusieurs de ces incidents. "Quand j'ai respiré cet air, mon coeur s'est emballé, ma tête vacillait et mon corps tremblait", affirme Bearnairdine Baumann.

Les constructeurs nient

Désormais réfugiée au Jaunpass, là où l'air est frais, elle mène une vie d’ermite tant les dérivés pétrochimiques lui provoquent des migraines. "Ce sont des cas très rares. En 2018, sur 230'000 vols en Suisse ou opérés par des compagnies suisses, moins de trente ont subi un incident qui pourrait être lié à des émanations toxiques", tempère Antonello Laveglia, porte-parole de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC).

Si les constructeurs et les autorités reconnaissent que des émanations toxiques peuvent se dégager dans la cabine des avions, ils nient toute conséquence sur la santé du personnel navigant et des passagers. En Grande-Bretagne, en mars dernier, 51 membres d’équipage ont attaqué les cinq principales compagnies aériennes pour altération de leur santé.

>> Qu’en est-il de ce syndrome aérotoxique chez les passagers? L’avis de Victor Dorribo, examinateur aéromédical, interniste et médecin du travail à Unisanté, et Vincent Perret, toxicologue, dans l'émission On en parle :

Le syndrome aérotoxique est un phénomène peu connu. [Depositphoto - AlexeyFyodorov]Depositphoto - AlexeyFyodorov
Air toxique dans les avions: les risques pour les passagers / On en parle / 12 min. / le 1 juillet 2019

Marie-Emilie Catier/gma

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