Hillary Rodham Clinton s'est déclarée optimiste vendredi sur
l'avenir de l'Afrique en clôture d'une tournée de 11 jours qui
l'aura conduite dans sept pays du continent noir, n'exprimant aucun
regret pour ses messages empreints de «fermeté affectueuse».
«J'aime venir en Afrique", a souligné la secrétaire d'Etat
américaine lors d'une conférence de presse au Cap Vert avec le
Premier ministre Jose Maria Pereira Neves. "J'ai vu le désespoir»,
mais «je pars, forte d'un engagement encore plus grand
qu'auparavant», a-t-elle dit.
Pas de baguette magique
L'administration Obama, tant dans le discours de la présidence
qu'au cours de ma visite, a délivré un message d'amour qui exclut
la permissivité, a assuré Hillary Clinton, vendredi à Sal, l'une
des îles de l'archipel Cap-Vert.
«Nous n'édulcorons pas les problèmes, nous ne reculons pas devant
eux, notre préoccupation est d'aider à canaliser les espoirs et
aspirations des populations de l'Afrique, dans une voie qui change
la direction de leurs pays» a-t-elle insisté, à côté du Premier
ministre cap-verdien Jose Maria Neves.
A chaque étape, la secrétaire d'Etat américaine a suggéré que les
Africains prennent le destin de leur continent en mains et que les
Etats-Unis, même s'ils étaient prêts à travailler avec eux, ne
disposaient d'aucune «baguette magique» contre leurs problèmes
endémiques.
Elle relayait ainsi le message diffusé le mois dernier au Ghana
par le président Barack Obama, premier chef d'Etat afro-américain.
Le chef de la Maison Blanche a lancé un appel à lutter contre la
corruption, à promouvoir la démocratie et à combattre les
violences, les maladies et les conditions de vie déplorables, où
qu'elles soient.
Sept pays
Au cours de son voyage de onze jours - le plus long depuis sa
prise de fonction, en janvier, comme chef de la diplomatie
américaine - Hillary Clinton s'est rendue au Kenya, en Afrique du
Sud, en Angola, en République démocratique du Congo, au Nigeria, au
Liberia et au Cap Vert.
La secrétaire d'Etat s'est notamment arrêtée dans une clinique
rurale de lutte contre le sida en Afrique du Sud ainsi que dans
l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en guerre. Six
ans après la fin de leur guerre civile, Hillary Clinton a appelé
les parlementaires libériens à l'unité. Auparavant, au Nigeria,
elle avait averti le gouvernement que la corruption menaçait sa
légitimité.
Selon des sources officielles, l'administration Obama prévoit un
plan de 20 milliards de dollars du groupe des huit nations les plus
riches pour dynamiser l'agriculture en Afrique et faire en sorte
que les Africains eux-mêmes s'attaquent à la malnutrition.
ats/ap/bri
"Donneuse de leçons"
L'émissaire américaine n'a pas rencontré de franche hostilité de la part des populations durant sa tournée. Elle a même été chaleureusement saluée, au Liberia, par des centaines de femmes l'appelant «notre dame de fer».
Le Premier ministre kényan Raila Odinga s'est lui irrité de la tendance américaine à «donner des leçons».
Et en RDC, des étudiants ont évoqué devant elle le passé d'exploitation de l'Afrique par les Occidentaux.
Pour Tom Wheeler, chercheur à l'Institut sud-africain des Affaires internationales, la nouvelle administration américaine a imprimé «un changement de style et de substance» à ses relations avec l'Afrique.
«Les Africains attendaient toujours des pays à l'extérieur du continent qu'ils puissent résoudre leurs problèmes, tout en supportant mal cela - la dépendance à l'aide», a-t-il relevé.