Depuis la multiplication des enquêtes terroristes à compter des attaques islamistes de Mohamed Merah à Toulouse et Montauban en 2012, le nombre de nouvelles affaires est passé de 308 en 2016 à 171 deux ans plus tard. Entre 2013 et début 2018, les attentats commis sur sol français ont fait 245 morts et quelque 900 blessés. L'heure est au jugement.
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"Il y a une masse de travail pour des années" avec les prochains procès hors-normes des attentats sanglants de 2015-2016, fixés à 2020, souligne le procureur à la tête du PNAT, Jean-François Ricard. Les attaques du 13 novembre 2015 représentent par exemple "huit à dix mois de préparation, quatre à six mois de procès." Le parquet représentera alors le Ministère public.
Soulager le système
Face à une menace toujours présente, le PNAT traitera les infractions terroristes, mais aussi les crimes contre l'humanité. Avec le lancement de cette mesure-phare de la loi de programmation et de réforme pour la justice disparaît la section antiterroriste du parquet de Paris, qui était chargée depuis 1986 de la lutte contre le terrorisme et des atteintes à la sûreté de l'Etat.
Cette section s'était saisie des enquêtes sur les attaques djihadistes à Paris, Nice ou Strasbourg et, récemment, de l'explosion d'un colis piégé à Lyon qui a fait 13 blessés.
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Centralisation critiquée
Certaines voix émettent déjà des critiques à l'encontre du PNAT. "Premièrement, nous étions en faveur d'une déconcentration de la lutte antiterroriste qui pouvait se faire sur quelques points du territoire, ce qui permettait de désengorger Paris", explique l'ancienne juge antiterroriste Béatrice Brugère, rattachée au syndicat FO-Magistrats.
Son organisation déplore aussi l'ultra-spécialisation de la structure au détriment d'un traitement transversal des dossiers, dans un contexte où le terrorisme évolue dans les zones grises. "Il y a de plus en plus de profils hybrides, c'est-à-dire des individus issus de la petite délinquance et qui ont malheureusement un parcours de promotion, en passant souvent par la case détention où ils sont formés et formatés. Ce parcours laissait penser qu'il y avait des liens à faire entre la criminalité organisée et le terrorisme. Mais ce deuxième aspect n'a pas été retenu", ajoute-t-elle.
Alexandre Habay/ani