La Géorgie a commencé à bombarder, mais la Russie avait tout
fait pour que cela arrive. Les deux pays portent chacun leur part
de responsabilité dans le bref conflit de l'été dernier, selon un
rapport rédigé sous l'égide de l'Union européenne. Une commission
d'enquête a travaillé pendant 10 mois pour rendre ce rapport.
La présidente de la commission, l'ambassadeur suisse Heidi
Tagliavini, parle de "responsabilité partagée" dans une interview
exclusive accordées à la SSR (écouter le son
ci-contre) et réalisée par Alain Franco.
Le moment du début de la guerre se situe "évidemment avec
l'attaque sur Tskhinvali dans la nuit du 7 au 8 août par la
Géorgie, mais nous insistons sur le contexte", a-t-elle expliqué.
Un contexte qui a "pratiquement mis une personne (le président
géorgien Mikheïl Saakachvili) dans une situation ou elle ne pouvait
pas agir autrement".
Satisfaction aussi partagée
Le conflit s'était
achevé par une défaite cuisante de la Géorgie et l'indépendance
auto-proclamée de ses deux régions séparatistes, l'Abkhazie et
l'Ossétie du Sud.
Le président géorgien assurait avoir réagi à une tentative
d'invasion de l'armée russe sur son territoire. Moscou prétendait
être intervenu pour défendre les populations des deux régions
rebelles, détenteurs de passeports russes.
Selon une source citée par l'AFP, l'intention du rapport n'est pas
qu'il serve de base à de nouvelles poursuites judiciaires entre les
ex-belligérants.
Mais si les torts sont partagés, les satisfactions le sont aussi.
En effet, chaque partie y a lu ce qu'elle a voulu: les Géorgiens
jugent le rapport "dans l'ensemble satisfaisant" et les Russes
parlent de "superbe travail" de la commission.
RSR/Gaëtan Vannay/ad
Saakachvili manque de soutiens
Même si la Russie est aussi mise en cause dans le rapport, celui-ci apparaît surtout embarrassant pour la Géorgie, qui se pose depuis l'an dernier en victime de l'agression russe.
Un constat qui est susceptible d'affaiblir un peu plus la position de Mikheïl Saakachvili, contesté dans son pays, et de compliquer de difficiles négociations diplomatiques en cours à Genève pour tenter de rapprocher Tbilissi et Moscou.
Si l'UE continue à réclamer le respect de la souveraineté territoriale de la Géorgie, la plupart des pays européens savent bien qu'au moins à moyen terme l'amputation du pays est irréversible.
"Saakachvili s'est fait avoir, car il a cru pouvoir compter sur le soutien américain, et il s'est planté. C'est ça l'histoire", a estimé lundi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, lors d'une rencontre avec des journalistes à Bruxelles.
"Il est sûr que les Russes n'ont pas aidé, avec des provocations, mais quand même!", a-t-il ajouté, jugeant que s'"il y a un soutien à la Géorgie" au sein de l'Union européenne, pour ce qui est du (soutien) "à l'homme (Saakachvili) c'est une autre histoire".