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Le niveau de paix globale a augmenté pour la première fois depuis 5 ans

Un membre des casques bleus, ici à Gao au Mali. [AFP - Seyllou]
Le niveau de paix globale a augmenté pour la première fois depuis 5 ans / Tout un monde / 7 min. / le 5 juillet 2019
Le Global Peace Index établit chaque année un classement de 163 pays en fonction de leur degré de paix. Et pour la première fois en cinq ans, le niveau global a connu une légère embellie.

Le niveau de paix a globalement augmenté dans le monde en raison de plusieurs facteurs: la diminution du nombre de morts dans des conflits armés et de victimes d’actes terroristes, mais aussi la baisse du degré de militarisation, c'est-à-dire des dépenses militaires, ainsi que des effectifs dans les armées du monde.

Ce facteur de militarisation a d'ailleurs diminué cette année dans 61% des pays du globe. "C'est très positif (...). Je sais qu'en Europe, il y a des discussions pour augmenter les budgets de défense à 2% du produit intérieur brut. Mais on voit, quand on ouvre le spectre du nombre de pays (...), qu'au niveau global, il y a une réduction des budgets et des investissements dans l'outil défense", se réjouit Serge Stroobants, directeur des opérations pour l'Europe et le Moyen-Orient de l'Institute for Economics & Peace, qui publie ce rapport.

La Suisse aux portes du top 10

Alors, que dit le Global Peace Index 2019? Parmi les 25 pays les plus pacifiques, 17 sont européens. On y trouve aussi la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Japon, l'Australie et Singapour. La Suisse se trouve en onzième position, et elle a gagné deux places par rapport à l'année précédente. En fin de classement: l'Afghanistan, la Syrie et le Yemen.

Des coûts importants liés à la violence

Pourtant, l'évolution de cet index varie considérablement selon les régions. Le Global Peace Index existe depuis 2008 et sur une décennie, le niveau global moyen de paix s'est en fait détérioré de près de 4%. Mais ce sont surtout les disparités qui s'accentuent: dans certaines régions, comme l’Amérique du Sud, l'évolution est positive. Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, en revanche, trois quarts des pays ont vu leur situation s’aggraver de manière significative.

Et les coûts liés à la violence peuvent être très importants. Dans les 10 pays les moins bien classés, les coûts liés notamment aux conflits et aux dépenses militaires se montent à 35% du PIB, contre 3% à peine pour les pays en tête du classement. Pour Serge Stroobants, c'est "un cercle vicieux": "un pays qui est assez bas dans l'index continue à descendre. Les moyens financiers sont investis dans la violence et ne sont donc pas disponibles pour investir dans les facteurs qui pourraient amener une paix future".

L'impact du changement climatique

"On voit déjà qu'aujourd'hui, plus de 400 millions de personnes habitent dans un pays qui a un niveau de paix bas. Et la violence qui existe déjà dans ces pays va être exacerbée par les effets du changement climatique", notamment l'accès réduit à certaines ressources comme la terre ou l'eau, estime Serge Stroobants. Il ajoute que "quand la possibilité de développer une politique pour prendre en compte les effets de ces changements n'est pas présente, ou pas d'un niveau adéquat, on va voir une exacerbation des niveaux de violence".

Patrick Chaboudez/jvia

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Le cas particulier des Etats-Unis

Les Etats-Unis se retrouvent au 128ème rang du classement, alors que son voisin le Canada figure dans le top 10. La sécurité intérieure, notamment, avec l’augmentation des taux d’homicides depuis 2010, fait encore reculer le pays de 4 rangs dans cette dernière édition de l’index.

Mais pour le directeur de la publication Serge Stroobants, il n'y a pas de biais: les Etats-Unis sont "négatifs dans les trois familles d'indicateurs, leur classement est le bon classement".

En ce qui concerne les conflits internes et internationaux, le rapport pointe le "rôle d'arbitre mondial" des Etats-Unis, qui sont donc impliqués de manière directe et indirecte dans la plupart des grands conflits actuels".

Les Etats-Unis obtiennent par ailleurs des résultats médiocres selon les critères en matière de sûreté et de sécurité avec "un des plus hauts taux d'incarcération, un haut niveau de crimes violents et d'homicides".

Le score n'est pas bon non plus sur le critère de la militarisation, car les Etats-Unis ont "un budget annuel de 650 milliards d'euros pour la défense" et sont "les principaux exportateurs (d'armement, ndlr) au monde".

Des critères sujets à discussion

Tout index a certaines limitations et ses critères peuvent être débattus. Le Global Peace Index accorde par exemple une place importante aux aspects militaires (dépenses, budget) et aux victimes des conflits ou du terrorisme. Mais il n'intègre pas directement des données liées au respect des droits humains: un pays comme l’Arabie Saoudite est ainsi relativement bien classé (au 55ème rang), et le Rwanda est mis en évidence pour sa progression.

"Un Etat peut sembler stable et économiquement prospère, mais il faudrait gratter la surface pour voir si tout le monde a atteint ses droits fondamentaux, dans la liberté d'expression, l’accès au domaine politique, ou ce qui se passe dans les universités...", estime Florence Foster, du Quaker United Nations Office.