De son côté, le chef de l'opposition Mir Hossein Moussavi,
arrivé en voiture sur l'une des manifestations, a été hué aux cris
de «Mort à Moussavi» par des sympathisants du régime. Ces
sympathisants se sont ensuite jetés sur le véhicule, le forçant à
quitter les lieux, a indiqué l'agence officielle IRNA.
C'est la première fois depuis près de deux mois et demi que
l'opposition manifestait contre la réélection, le 12 juin, du
président Mahmoud Ahmadinejad et en soutien au modéré Moussavi qui
accuse les autorités de fraude électorale.
Dizaines de milliers d'opposants
Défiant les mises en garde du régime, des dizaines de milliers
de partisans de l'opposition sont descendus dans la rue, profitant
en cela d'un rassemblement officiel organisé par le pouvoir en
solidarité avec les Palestiniens.
Au milieu d'un imposant dispositif policier, les manifestants
portant des bracelets verts, couleur de la campagne électorale de
Moussavi, se sont rassemblés sur différentes places de Téhéran,
criant notamment des slogans à la gloire de leur chef. Mohammed
Khatami, qui prenait part à l'une des manifestations, a été agressé
physiquement, selon le site réformateur Parlemannews.ir. «Un groupe
de conservateurs (...) voulaient le battre. Mais des partisans (de
M. Khatami) les en ont empêchés», affirme ce site.
Arrestations et matraquage
Sur la place Haft-e Tir, des
partisans du régime circulant à moto ont arrêté et matraqué
plusieurs manifestants, selon des témoins. La police a ensuite
dispersé le rassemblement. Plusieurs opposants auraient eux été
arrêtés.
«Quelques manifestants ont protesté contre (Mahmoud) Ahmadinejad
mais ils ont été noyés dans l'énorme foule de gens exprimant leur
solidarité avec les Palestiniens», a affirmé de son côté la
télévision d'Etat. Le vice-président de l'Assemblée, Mohammad Reza
Bahonar, s'est lui élevé contre les «agressions et actes illégaux»
dont ont fait l'objet les responsables de l'opposition.
Ailleurs dans le pays, des Bassidjis, les membres de la milice
islamique, ont attaqué des manifestants à Tabriz (nord) et des
forces de l'ordre en civil ont arrêté des opposants, selon le site
de l'opposition Mowjcamp.com. De même à Ispahan (centre), des
opposants ont été battus.
Avertissement du pouvoir
La manifestation était organisée à l'occasion de la Journée
annuelle de Qods (Jérusalem) décrétée il y a 30 ans par l'imam
Khomeiny, fondateur de la République islamique, pour soutenir les
Palestiniens.
C'est la première fois depuis près de deux mois et demi que
l'opposition a l'occasion de manifester. Son chef, le modéré
Moussavi, a été battu à la présidentielle du 12 juin et accuse les
autorités de fraude électorale.
La veille, les Gardiens de la révolution, le corps d'élite de la
République islamique, avaient averti qu'ils réprimeraient toute
manifestation contre le président iranien. Ce corps, de même que
les Bassidjis, avaient joué un important rôle dans la répression
des manifestations de contestation qui avaient suivi la victoire de
Mahmoud Ahmadinejad.
agences/cer
Une crise qui dure depuis le 12 juin
Après la présidentielle du 12 juin, un mouvement de contestation populaire sévèrement réprimé par les autorités a plongé le pays dans une crise sans précédent depuis la révolution islamique de 1979.
Au moins 4000 manifestants ont été arrêtés, dont quelque 150 restent détenus, et selon un bilan officiel, 36 personnes - 72 selon l'opposition - ont péri dans les violences.
Ahmadinejad remet en doute l'Holocauste
Pendant ce temps, à l'université de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad a affirmé que le mouvement d'opposition en Iran était en bout de course.
Il a aussi de nouveau qualifié l'Holocauste de «mythe» et affirmé qu'Israël était «sur le point de s'effondrer».
Ses propos ont provoqué l'indignation en Occident. Cette nouvelle diatribe contre Israël intervient alors que les pays impliqués dans la recherche d'une issue sur la crise du nucléaire iranien tentent de décider comment traiter avec Téhéran, en proie à une contestation interne sans précédent depuis la révolution de 1979.
L'attitude de défi que l'Iran persiste à adopter sur la question nucléaire l'expose à un isolement accru et à des pressions économiques plus fortes, a déclaré vendredi la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
La cheffe de la diplomatie américaine a encore ajouté que Téhéran devait décider sans attendre s'il choisit de saisir l'offre de dialogue des Etats-Unis et des autres puissances.
Le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a lui demandé à la Russie de se joindre aux Occidentaux pour «exercer un maximum de pression» sur Téhéran.