Crédité de 31,5% des voix à l'issue des élections législatives dimanche, le parti de gauche radicale d'Alexis Tsipras, Syriza, ne conservera que 86 des 144 sièges qu'il avait dans l'assemblée sortante. Le parti de droite Nouvelle Démocratie va détenir 158 sièges sur les 300 du parlement.
Pour les Grecs, le gouvernement sortant est coupable d'avoir "trahi" ses promesses et de s'être plié au plan d'austérité imposé par les créanciers. "Tsipras a créé d'énormes attentes auprès de la population et le résultat n'était pas à la hauteur", confirme lundi Georges Prévélakis, professeur à la Sorbonne et spécialiste de la Grèce. "Son arrogance et celle des cadres de son parti a montré qu'il a perdu le contact avec la réalité. La preuve, il n'avait pas anticipé une défaite aux élections européennes déjà."
Unité nationale au centre des discours
Avec le double échec de Syriza aux élections du 26 mai et aux élections locales début juin, la victoire de Nouvelle Démocratie était tracée. Le nouveau Premier ministre "Kyriakos Mitsotakis a évité de trop critiquer son adversaire durant la campagne", continue Georges Prévélakis. "Il a mis l'accent sur l'avenir, le programme, et comment sortir le pays des problèmes qui se sont accumulés. Désormais, les Grecs doivent s'unir pour dépasser cette décennie de crise qui a tant coûté au niveau économique, mais aussi au niveau du prestige du pays et de la fierté nationale."
Héritier d'une dynastie politique, le chef de file des conservateurs et ancien ministre de la Fonction publique à l'ère Samaras a promis dimanche soir des réformes et des investissements qui produiront de meilleurs salaires et retraites. "Je veux voir à nouveau ce peuple prospérer, je veux voir revenir les enfants qui sont partis", a-t-il déclaré.
Potentiel économique
Investi dans ses fonctions lundi, Kyriakos Mitsotakis ne va pas chômer cet été. "La situation économique offre un grand potentiel", indique le professeur de géopolitique. "Les élections européennes ont eu un impact sur l'économie car la bourse a monté très rapidement et les taux d'intérêt des emprunts grecs ont baissé. Les investisseurs sont là, mais le gouvernement Tsipras les a dissuadés."
La Grèce, qui a eu besoin de trois plans de sauvetage internationaux entre 2010 et 2015 pour éviter le défaut de paiement, est sortie en août 2018 de son dernier plan. "Je pense qu'on peut être confiants", conclut Georges Prévélakis. "Cette élection marque à mon avis la fin d'une décennie de crise et le début d'une nouvelle période qui peut être extrêmement positive pour la Grèce."
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Alexia Nichele