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Le Sida tue moins mais contamine toujours, y compris en Europe

Le siège d'ONUSIDA à Genève [KEYSTONE/AP PHOTO - Jamey Keaten]
Onusida tire un bilan contrasté de la lutte contre le VIH en 2018. / Le 12h30 / 37 sec. / le 16 juillet 2019
En 2018, la lutte contre le sida a connu une année contrastée, a estimé mardi Onusida. Côté pile, un nombre de morts en baisse et un meilleur accès aux traitements. Côté face, des infections en hausse dans certains pays et des financements insuffisants.

Environ 770'000 personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2018 dans le monde, selon le rapport annuel d'Onusida publié mardi. Le nombre de décès enregistrés en 2018 est inférieur d'un tiers à celui de 2010. Il est même en baisse de 55% par rapport aux chiffres de 2004: 1,7 million de victimes avaient succombé il y a quinze ans, au pic de l'épidémie de Sida.

Autre sujet de satisfaction pour l'agence onusienne en charge de la lutte contre le VIH, le nombre de malades qui suivent des traitements antirétroviraux n'a jamais été aussi élevé. Ils sont plus de trois sur cinq - 23,3 millions sur 37,9 - à être soignés par ces médicaments qui permettent, s'ils sont pris correctement, de ne plus transmettre le virus. C'est environ dix fois plus qu'au milieu des années 2000.

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Le nombre de décès liés au Sida est en baisse [Onusida]
Le nombre de décès liés au Sida est en baisse [Onusida]

Du mieux en Afrique

Cette baisse sensible du nombre de morts et le meilleur accès aux traitements s'expliquent en grande partie par les progrès notables réalisés en Afrique du sud et dans l'Afrique de l'Est, régions historiquement les plus concernées par le sida. C'est là que vit plus de la moitié de la population mondiale touchée par le virus.

Ces chiffres globaux cachent toutefois de fortes disparités régionales, souligne Onusida, pour qui la lutte contre la maladie ne progresse pas à un rythme suffisant. Dans plusieurs régions, certains indicateurs sont inquiétants. Ainsi, en Europe de l'Est et dans le centre de l'Asie, le nombre de morts dus au sida a augmenté de 5%, et même de 9% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord au cours des huit dernières années.

L'efficacité des traitements ayant réduit le nombre de décès, le nombre de porteurs du VIH est en hausse [Onusida]
L'efficacité des traitements ayant réduit le nombre de décès, le nombre de porteurs du VIH est en hausse [Onusida]

Il manque sept milliards

Le nombre de nouvelles infections, lui, est stable par rapport aux années précédentes (1,7 million). Mais toujours en Europe de l'Est et dans le centre de l'Asie, il a grimpé de 29%. Les budgets consacrés aux programmes de lutte contre la maladie dans les pays à faible et moyen revenu, eux, sont en baisse, s'inquiète aussi Onusida. En 2018, 19 milliards de dollars y étaient consacrés au total, soit un de moins qu'en 2017, et sept de moins que la somme jugée nécessaire pour 2020 (26,2 milliards).

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"Cette baisse est un échec collectif", juge l'organisation, selon qui cela concerne "toutes les sources de financement": contributions internationales des Etats, investissements des pays eux-mêmes ou dons privés à but philanthropique. Ces obstacles compromettent le "tryptique 90-90-90", but que s'est assigné l'ONU pour 2020: que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 90% de ces dernières soient sous traitement, et que parmi celles-ci, 90% aient une charge virale indétectable. En 2018, ces proportions se montaient respectivement à 79%, 78% et 86%, avec là encore des disparités régionales.

agences / Vincent Cherpillod

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