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Ursula von der Leyen, une proche de Merkel propulsée sur le toit de l'UE

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. [Keystone - EPA/Patrick Seeger]
Ursula von der Leyen. - [Keystone - EPA/Patrick Seeger]
Ursula von der Leyen, une mère de sept enfants proche d’Angela Merkel et adoubée par Emmanuel Macron, a accédé mardi à la présidence de la Commission européenne. Le portrait de cette Allemande de 60 ans.

Seule personnalité à avoir siégé dans les quatre gouvernements d’Angela Merkel entre 2005 et 2019, Ursula von der Leyen va accéder au poste le plus prestigieux de l’Union européenne alors qu’elle a vu son étoile pâlir en Allemagne après avoir fait figure, un temps, de dauphine de la chancelière.

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Cette médecin de formation qui parle anglais et français couramment espère rebondir avec la direction de l'exécutif européen. Elle connaît déjà bien Bruxelles, vu qu’elle a passé une partie de son enfance dans la capitale belge, avant que son père devienne Premier ministre de Basse-Saxe.

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Très contestée

Actuelle ministre de la Défense dans le gouvernement Merkel, Ursula von der Leyen a vécu un long pensum avant d’être élue, étant contestée tant à gauche qu’à droite par les eurodéputés. Cette démocrate-chrétienne était même contestée par certains dans son propre camp et également par les sociaux-démocrates allemands avec qui elle est pourtant alliée dans la coalition gouvernenmetale.

Car au sein de toutes les familles politiques européennes, l'idée de choisir une personnalité qui n'était même pas candidate aux élections européennes a été perçue comme une remise en cause de l'objectif de démocratisation de l'Union européenne.

Et les auditions menées ces derniers jours dans les arcanes européens par Ursula von der Leyen, convertie de très fraîche date aux réseaux sociaux et assistée pour sa communication d'un ancien rédacteur en chef de Bild, n'ont pas permis de lever tous les doutes de ses détracteurs.

Entrée tardive en politique

Entrée tardivement en politique, Ursula von der Leyen avait pourtant jusqu'à ces dernières années emprunté une spectaculaire trajectoire. Après avoir vécu plusieurs années en Californie, où son mari enseignait, elle ne s’est lancée pour un mandat local dans la région de Hanovre qu’en 2002.

Trois ans plus tard, elle devient ministre de la Famille et prend des mesures progressistes, comme le développement des crèches ou un congé parental rémunéré destiné aux pères. Celle qui est surnommée par ses proches "Petite rose" n'hésite pas à étaler sa vie privée dans les magazines people avec ses enfants, son mari et leur poney.

Nommée ministre du Travail en 2009, Ursula von der Leyen prend là aussi à rebrousse-poil l'électorat conservateur en plaidant pour des quotas de femmes au sein des directions d'entreprises.

Contestée à la Défense

C'est à partir de 2013, à la Défense, que les choses se gâtent. Première femme à occuper ce poste, prestigieux mais délicat dans une Allemagne toujours hantée par la Deuxième Guerre mondiale, Ursula a bousculé l'institution.

Elle impose par exemple la fin de la tradition des honneurs faits à des officiers ayant servi Hitler. Tenace, voire cassante selon ses détracteurs, sa personnalité se fond difficilement dans le monde très masculin de l'armée, qu'elle agace aussi en dénonçant la "faiblesse" de certains officiers. 

Une série de scandales ont en outre éclaboussé la Bundeswehr et son ministère ces dernières années: matériel obsolète, sous-investissements, consultants surpayés, influence de l'extrême droite. A tel point que sa popularité en Allemagne est en chute libre.

>> Le portrait d'Ursula von der Leyen dans La Matinale :

La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, une proche de la chancelière Angela Merkel. [EPA/HAYOUNG JEON]EPA/HAYOUNG JEON
Portrait d’Ursula von der Leyen, la première femme à présider la Commission européenne / La Matinale / 1 min. / le 3 juillet 2019

boi/vic avec afp

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Son programme en détail

> Environnement
Faire du climat une priorité avec la présentation de la toute première loi européenne sur le climat et d'un green deal dans les 100 jours après son entrée en fonction. Réduction d'au moins 50% des émissions de CO2 de l'UE, voire de 55%, d'ici 2030. Faire de l'Europe "le premier continent neutre" en carbone en 2050, c'est à dire réduire au maximum les émissions de C02 et compenser le reste par des dispositifs de réabsorption.

> Social
Création d'un "instrument légal" pour que tous les travailleurs européens aient droit à un salaire minimum et d'une "garantie européenne" afin de s'assurer que tout enfant menacé de pauvreté ou d'exclusion sociale ait accès "aux droits les plus fondamentaux".

> Egalité des sexes
Mesures obligatoires de transparence des salaires et quotas pour l'équilibre entre les sexes dans les conseils d'administration des entreprises. Au sein de son équipe de commissaires, Ursula Von der Leyen veut avoir exactement le même nombre d'hommes que de femmes.

> Etat de droit
Nouveau mécanisme pour garantir le respect de l'Etat de droit dans les pays de l'UE, avec publication de rapports annuels sur tous les pays.

Soutien au projet de lier le versement de fonds européens avec le respect de l'Etat de droit, qui permettrait de couper le robinet des aides de l'UE en cas de dérive autoritaire de la part d'un régime qui ferait fi du droit, par exemple en menaçant l'indépendance de la justice. Des procédures sont actuellement en cours pour violation de l'Etat de droit contre la Pologne et la Hongrie.

> Immigration
Nouveau pacte pour la migration et l'asile qui permettrait notamment d'aider davantage les pays comme l'Italie ou la Grèce, géographiquement en première ligne pour les arrivées.

Accélération du renforcement de l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex en la dotant d'un effectif de 10'000 personnes dès 2024 au lieu de 2027.

> Politique étrangère
Introduction du vote à la majorité qualifiée - et non plus à l'unanimité - au sein du Conseil des Etats membres de l'UE pour les questions de politique étrangère, afin de permettre des prises de décision plus rapides.

> Démocratie
Création dès 2020 d'une "Conférence sur l'avenir de l'Europe", qui réunirait pendant deux ans des citoyens européens, des personnalités de la société civile et des institutions européennes pour faire des propositions de réformes de l'UE.

Droit d'initiative pour le Parlement européen. A l'heure actuelle, seule la Commission européenne peut proposer des textes législatifs.

> Brexit
Soutien au principe de nouveau report du Brexit si le Royaume Uni n'a pas quitté l'UE le 31 octobre 2019 comme prévu.