Il s'agit "d'une première étape" vers un alignement des conditions du don pour les homosexuels sur celles des hétérosexuels, envisagé "à l'horizon 2022", a précisé le ministère français de la Santé mercredi.
Le but de cette phase intermédiaire est de s'assurer que la levée des conditions spécifiques appliquées aux donneurs homosexuels n'augmentera pas le risque de contamination pour les receveurs lors des transfusions sanguines.
"Exigence de sécurité pour les receveurs"
"Nous avons traversé des années très sombres avec le sang contaminé" (la découverte au tournant des années 80-90 de nombreuses contaminations au virus du sida après des transfusions sanguines, ndlr), a souligné le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. D'où l'importance du "principe de précaution" et de "l'exigence de la sécurité pour les receveurs".
C'est sur la base d'une évaluation scientifique des risques que la décision a été prise. Les études de l'agence sanitaire Santé publique France (SpF) ont montré que l'ouverture du don du sang aux homosexuels, en juillet 2016, n'a pas augmenté le risque résiduel de transmission du virus du sida. Depuis cette ouverture, ce risque est estimé à un don positif au VIH non détecté sur 6,3 millions de dons (soit un don positif tous les deux ans).
"On n'est plus dans les années 80"
En Suisse, un an sans rapport sexuel est exigé depuis 2017 de la part des gays s'ils souhaitent faire don de leur sang.
La directrice romande de Pink Cross salue l'avancée française mais déplore son caractère progressif. "C'est un peu triste qu'en 2019 on ne fasse qu'abaisser le temps d'attente au lieu de l'adapter à celui qui est fixé pour les personnes hétérosexuelles", regrette Muriel Waeger jeudi dans La matinale. "En 2019, on devrait avoir les mêmes droits et devoirs que les personnes hétérosexuelles.
Cette responsable de l'association reconnaît que les gays ont été un groupe a risque dans les années 80, "mais on n'est plus dans les années 80", souligne-t-elle en rappelant que les dons de sang ne sont plus faits de la même manière. "Aujourd'hui, on fait un test sur tous les prélèvements de sang. Du coup, ce devrait être possible de déterminer si la personne a ou non le sida."
oang avec Céline Fontannaz et l'afp
De l'interdiction totale au délai minimal
Avant 2016, et depuis 1983, l'exclusion des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) était totale en France, en raison des risques du sida.
L'abstinence d'un an instituée en 2016, par arrêté, avait suscité les critiques d'associations homosexuelles qui y voyaient une discrimination à leur égard.
Cet "assouplissement important" de la période d'abstinence est "une évolution garante de la sécurité transfusionnelle", ont jugé dans un communiqué commun l'Association française des hémophiles (AFH), qui ont payé un lourd tribut avec le sang contaminé, et AIDES (lutte contre le sida et les hépatites).