Augmenter à nouveau le salaire minimum, fixé à 1050 euros par mois depuis janvier dernier, réindexer les retraites sur l'inflation, porter l'investissement dans la recherche et développement de 1,2% à 2% du PIB ... Devant la chambre des députés, dont il ne s'est pas encore assuré le soutien, Pedro Sanchez a multiplié des promesses qui rejoignent les revendications du parti de gauche radicale Podemos.
Il s'est cependant fixé un objectif strict de réduction du déficit et de la dette publique, respectivement à 2% et 95,8% du PIB d'ici à la fin de l'année, comme pour rassurer les marchés.
"Réduire le déficit public ne suffit pas .(...) il est aussi nécessaire de renouer avec l'investissement public et renforcer l'investissement social", a-t-il insisté.
Tractations avec Podemos
Son Parti socialiste, avec 123 députés sur 350, s'est lancé vendredi dans une négociation de dernière minute avec Podemos pour obtenir les indispensables voix des 42 députés de gauche radicale lors du vote d'investiture.
Alors que ces tractations très discrètes se poursuivent, il a proposé des mesures populaires parmi l'électorat de gauche: abrogation d'une loi sécuritaire controversée, contrôle de l'augmentation des loyers et des jeux d'argent, loi sur l'euthanasie...
Le chef de Podemos, Pablo Iglesias, a débloqué vendredi une situation au point mort depuis les élections législatives du 28 avril en renonçant à faire partie du prochain gouvernement, condition posée par Pedro Sanchez.
Si les tractations réussissent, l'Espagne aura son premier gouvernement de coalition et ses premiers ministres de gauche radicale depuis qu'elle est redevenue démocratique après la mort du dictateur Francisco Franco.
"Pas simple de trouver un accord"
"Nous sommes en train de constater que ce n'est pas simple de trouver un point d'accord, mais rien de ce qui vaut la peine n'est facile", a lancé Pedro Sanchez au groupe de Podemos.
"Nous ne voulons pas (...) être au gouvernement simplement de manière marginale", a prévenu avant le débat l'élu de gauche radicale Alberto Garzon.
Si les discussions échouent, Pedro Sanchez aura encore deux mois pour retenter d'être investi, faute de quoi les Espagnols devront retourner aux urnes.
Les groupes parlementaires doivent répondre dans l'après-midi au discours de politique générale du socialiste et voteront une première fois mardi lors d'un premier tour qu'il n'a pratiquement aucune chance de remporter.
"Tout le monde connaît le dénouement"
C'est lors du second vote jeudi, où il a seulement besoin d'une majorité simple, qu'il devra s'être assuré des soutiens suffisants.
"Tout le monde connaît déjà le dénouement": une reconduction de Pedro Sanchez au deuxième tour, a estimé dans une interview télévisée Juan Carlos Girauta, porte-parole du parti libéral Ciudadanos.
Ciudadanos, comme les conservateurs du Parti populaire (PP) et l'extrême droite de Vox sont résolus à voter contre lui, l'accusant en particulier de vouloir faire des concessions aux indépendantistes catalans.
afp/jfe
Sanchez évoque la Catalogne
Arrivé au pouvoir en juin 2018 grâce au soutien des séparatistes à sa motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, Pedro Sanchez a mentionné ce sujet brûlant dans son discours, sans nommer ouvertement la Catalogne.
"Quel sens cela a-t-il d'entretenir (...) la division au sein de l'Espagne quand nous avons besoin de plus d'Union européenne? de construire des frontières intérieures?" a-t-il demandé. "C'est aller à contre-courant de l'histoire".
Fermement opposé aux revendications des séparatistes d'un référendum d'autodétermination, il aurait voulu se passer de leur soutien, pour ne pas dépendre de ceux qui l'ont obligé à convoquer des élections anticipées en refusant de voter son budget.
Mais il pourrait arriver à ses fins grâce au premier parti indépendantiste, la Gauche républicaine de Catalogne, dont le chef du groupe parlementaire Gabriel Rufian a promis qu'ils ne seraient "pas un obstacle" à sa reconduction au pouvoir.