L'adolescente avait été invitée à s'exprimer mardi par un groupe transpartisan de 160 députés qui veulent accélérer la lutte contre le réchauffement.
La jeune Suédoise n’est pas à la tribune de l'hémicycle. Elle s’exprime dans une salle annexe, où elle participe à un débat avec des experts du groupe d'experts de l'ONU sur le climat (Giec), notamment. Elle assiste cet après-midi aux questions au gouvernement, dans la tribune d’honneur.
Mais une partie des membres de l'Assemblée nationale ont vertement critiqué cette invitation. Julien Aubert, candidat à la présidence des Républicains (LR), a notamment dit son mécontentement dimanche sur Twitter, évoquant une "prophétesse en culottes courtes".
Suscitant de nombreuses réactions, il a ensuite défendu sa position dans une série de nouveaux messages. "Certains la présentent comme 'un modèle pour les jeunes'. Une jeune fille qui a bâti sa notoriété sur le fait de boycotter le lieu de savoir qu'est l’école, vraiment ?", a-t-il notamment écrit.
"Pas besoin de gourous apocalyptiques"
Son concurrent dans la course à la présidence du parti, Guillaume Larrivé, a lui appelé ses collègues à "boycotter" la venue de la militante de 16 ans. "Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n'avons pas besoin de gourous apocalyptiques", a-t-il estimé.
Auparavant, Valérie Boyer (LR) avait parlé de Greta Thunberg comme d'une "jeune activiste totalement sous emprise".
Quant à Sébastien Chenu (RN), il a dit refuser "d'aller se prosterner" devant Greta Thunberg.
"Cette dictature de l'émotion permanente qui plus est lorsqu'elle s'appuie sur des enfants, est une nouvelle forme de totalitarisme", a pour sa part estimé l'eurodéputé RN Jordan Bardella sur France 2.
Une députée LREM, Bénédicte Peyrol, a pris ses distances dimanche à l'égard de la visite de la jeune Suédoise, proposant de rejeter "le manichéisme du Bien contre le Mal".
Pas compatible avec la ratification du CETA
Des élus de gauche ont pour leur part fait valoir ces derniers jours qu'il était "incompréhensible" que la majorité vante les mérites de la jeune adolescente et vote mardi, au moment même de sa venue, le projet de loi de ratification du traité de libre-échange entre l'UE et le Canada (CETA), nocif selon eux pour l'environnement. Mais ce n'est pas une raison pour boycotter l'intervention de la jeune activiste, a de son côté assuré le leader du PS Olivier Faure.
"Vous avez davantage peur de moi que du danger qui nous guette", a réagi Greta Thunberg, dans son message adressé aux députés qui boycottent sa visite en France.
Vous avez davantage peur de moi que du danger qui nous guette.
"Certains ont choisi de ne pas venir ici aujourd'hui, certains ont choisi de ne pas nous écouter (...). C'est très bien. Vous n'êtes pas obligés de nous écouter, nous ne sommes que des enfants après tout. Mais vous devez écouter la science. C'est tout ce que nous demandons: unissez-vous derrière la science", a-t-elle ajouté, renvoyant à la lecture du dernier rapport alarmant du Giec.
La visite à l'Assemblée est donc moins consensuelle pour Greta Thunberg que son déplacement dimanche à Caen, où elle a reçu le Prix Liberté 2019 en présence de vétérans du Débarquement de Normandie.
jvia avec agences
Greta Thunberg bientôt à Lausanne
Greta Thunberg se rendra prochainement en Suisse. Elle participera au sommet Smile for Future qui se tient du 5 au 9 août à Lausanne, où plus de 450 jeunes issus de 37 pays d'Europe se réuniront pour définir une stratégie d'action face à la crise climatique qui menace la planète.
L'adolescente à l'origine du mouvement de mobilisation des jeunes en faveur du climat sera présente aux côtés du Prix Nobel Jacques Dubochet, ont annoncé lundi les organisateurs.
La militante avait déjà participé en janvier au Forum de Davos, où elle a pris la parole pour sensibiliser à l'urgence de la situation climatique.