Le chef du gouvernement chinois entre 1988 et 1998 s'est éteint lundi soir à 23h15 (15h15 GMT) "des suites d'une maladie dont le traitement s'est révélé inefficace", a annoncé un média d'Etat.
Saluant un "membre exceptionnel du Parti communiste chinois" (PCC), qui s'est "toujours montré fidèle", l'agence de presse officielle Chine nouvelle a rendu mardi un hommage appuyé à un "remarquable révolutionnaire prolétarien", qui a rejoint les rangs du PCC à 17 ans.
Proclamation de la loi martiale
Le 20 mai 1989, Li Peng entre dans l'histoire en proclamant la loi martiale. Deux semaines plus tard, dans la nuit du 3 au 4 juin, l'armée met fin par les armes au mouvement des étudiants qui réclamaient depuis plusieurs semaines sur la place Tiananmen des réformes démocratiques et la fin de la corruption. Le bilan du massacre reste à ce jour un mystère: il serait compris entre 300 et 10'000 morts.
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Celui qui fut surnommé "le boucher de Pékin" se retire de sa carrière politique officielle en 2003, ses déplacements à l'étranger suscitant des manifestations, comme à Paris en 1996. Il n'en sera pas moins resté 15 ans membre permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), l'instance dirigeante du pays, occupant dans les années 1990 le rang de numéro deux, juste derrière le président Jiang Zemin.
"Il a stabilisé la situation intérieure"
Dans les années qui suivront la répression, Li Peng s'est efforcé de relativiser son rôle, se présentant en simple exécutant des ordres du numéro un de la République populaire, Deng Xiaoping, mort en 1997.
"Il a pris des mesures décisives pour stopper le désordre et apaiser les troubles contre-révolutionnaires", a jugé mardi Chine nouvelle. "Il a stabilisé la situation intérieure et joué un rôle important dans cette lutte majeure pour l'avenir du parti et du pays", a estimé l'agence, reprenant l'argumentaire du PCC selon lequel la stabilité était indispensable au développement économique.
agences/ani
Réaction d'un des leaders de 1989
"Est-ce que le Ciel a été véritablement juste, en laissant ce salaud coupable des crimes les plus atroces vivre jusqu'à 90 ans et mourir d'une mort naturelle ?", a réagi Wuer Kaixi, un des principaux leaders étudiants de 1989. Exilé à Taiwan, il est toujours sur la liste des individus les plus recherchés par le gouvernement chinois. "Sa mort ne sera pas susceptible d'apporter le réconfort aux membres des familles de victimes de la répression du 4 juin 1989", a-t-il aussi écrit sur Facebook.
Signe de la sensibilité du sujet, le populaire réseau social chinois Weibo s'employait mardi soir à effacer ou bloquer tout commentaire laissé par les internautes sous les articles officiels évoquant la mort de Li Peng.