En pleine canicule, l'isotherme du 0°C a été mesuré mardi passé flirtant avec les 5000 mètres c'est-à-dire plus haut que le Mont-Blanc, sommet le plus élevé d'Europe. A Payerne, le ballon sonde de Meteosuisse s'envole chaque jour pour mesurer la température de l'air depuis le sol jusqu'aux très hautes altitudes.
Les données sont analysés par des météorologues qui surveillent cette limite symbolique de l’isotherme du 0°C à 5000 mètre d’altitude. "On n'avait pas l'habitude que le zéro fréquente cette limite du 5000 mètres, mais maintenant on s'en rapproche de plus en plus chaque année. On l'a franchi une fois en 1995 et on va la franchir à nouveau probablement de plus en plus souvent", constate Christophe Salamin, météorologue à Meteosuisse.
Un lac au sommet du Mont-Blanc
En haute montagne, les températures ont atteint récemment des records. Au pic de la canicule du mois de juin, le thermomètre n'est pas descendu en dessous de 8°C à la station de la Jungfrau située à 3580m, une première depuis 1961.
Et les conséquences sont bien visibles. La glace fond. Un lac s’est formé sur le massif du Mont-Blanc et a été photographié par un alpiniste.
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Attention aux éboulements
Le pergélisol - sol normalement gelé toute l'année - se réchauffe lui aussi, et devient instable. "Il peut y avoir des grands éboulements, des piliers qui tombent, des chutes de pierres plus marquées, explique Pierre Huguenin, guide de montagne et ingénieur à l'Institut pour l’étude de la neige et des avalanches. Il faut que la période chaude dure un certain temps pour voir les effets. En général, ceux liés au pergélisol sont visibles au mois d'août et de septembre voir un peu plus tard encore."
Des événements d'instabilité qui seront de plus en plus fréquents selon les experts. La montagne et ses changements sont sous haute surveillance pour protéger randonneurs et alpinistes. Prudence donc pour ceux qui souhaiteraient s'aventurer sur les hautes sommets.
Aurélie Coulon/jfe