Interrogé par le Daily Telegraph sur la question de savoir si le
pétrole et le commerce avaient joué un rôle dans la signature de
l'accord, le ministre a répondu: "Oui, une très grande part. Je ne
m'en cache pas".
C'est la première fois qu'un membre du gouvernement britannique
reconnaît l'influence d'intérêts commerciaux dans l'accord, signé
en novembre 2008 et destiné en particulier à permettre le
rapatriement d'Abdelbaset al Megrahi, à l'époque détenu en
Ecosse.
Le Libyen avait été condamné en 2001 à la prison à vie pour
l'attentat contre un avion de la compagnie américaine Pan Am
au-dessus du village écossais de Lockerbie en 1988. L'accord de
transfèrement n'a finalement pas servi dans le cas de Megrahi, qui
a en fait été libéré pour des raisons médicales.
Libération très critiquée
Sa remise en liberté, le 20 août par l'Ecosse, a suscité un vif
mécontentement, en particulier aux Etats-Unis d'où sont originaires
la plupart des 270 victimes de l'attentat. Elle avait alimenté les
spéculations sur un échange "pétrole contre Megrahi", en
particulier sur le fait qu'un accord d'exploration pétrolière d'une
valeur potentielle de 15 milliards de livres entre la Libye et la
compagnie britannique BP était à l'époque dans l'impasse.
Mercredi, le Premier ministre Gordon Brown avait affirmé qu'il n'y
avait "pas eu de conspiration, de camouflage, de double jeu,
d'accord sur le pétrole" dans la libération de Megrahi qui était de
toute façon du seul ressort de l'Ecosse, région jouissant de
l'autonomie en matière judiciaire.
Les intérêts commerciaux ont en revanche joué en ce qui concerne
l'accord de transfèrement. "La Libye était un Etat voyou. Nous
voulions la faire rentrer dans le rang. Et oui, cela comprenait
également les relations commerciales... et par la suite il y a eu
l'accord avec BP", a ajouté Jack Straw. L'accord d'exploration
pétrolière avec BP a été signée en janvier 2008, peu après que Jack
Straw accepte d'inclure al-Megrahi dans le traité de transfèrement,
ce qu'il avait dans un premier temps refusé.
afp/cab
Libération d'un condamné emblématique
Seule personne à avoir été jugée - et condamnée à la perpétuité pour l'attentat contre un Boeing de la Pan Am qui a fait 270 morts en 1988 au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie, Abdel Basset al Megrahi a été libéré le 20 août pour raisons humanitaires.
Il souffre d'un cancer en phase terminale.
Selon des documents publiés la semaine dernière par le gouvernement écossais, des responsables libyens avaient prévenu Londres que la mort en détention de Megrahi aurait "des effets catastrophiques sur la relation entre la Libye et la Grande-Bretagne".
Sa libération et l'accueil triomphal qu'il a reçu à son retour à Tripoli ont provoqué la colère des Etats-Unis et des familles des victimes et ont alimenté la polémique au sein de la classe politique britannique.