Moins d'une semaine après un rassemblement sans précédent depuis le mouvement qui avait accompagné le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, les forces de l'ordre n'ont laissé, cette fois, aucune chance aux protestataires de participer à cette nouvelle manifestation devant la mairie de la capitale russe.
"1074 personnes ont été arrêtées pour des infractions diverses au cours d'une manifestation non autorisée dans le centre de la capitale", a déclaré la police de Moscou, citée par les agences de presse russes.
"Si nous restons chez nous à la maison, rien ne changera"
Les manifestants venaient contester le rejet de plusieurs candidatures d'opposants qui entendaient se présenter lors des élections locales du 8 septembre prochain, pour vices dans la collecte des signatures. "J'ai eu peur toute ma vie, mais maintenant cela suffit. Si nous restons chez nous à la maison, rien ne changera", a déclaré une retraitée de 68 ans à l'AFP.
Avant même le début du rassemblement, prévu à 14h00 locales, les forces de l'ordre, mobilisées en grand nombre, ont arrêté par dizaines les protestataires qui affluaient devant l'hôtel de ville de Moscou. Plusieurs arrestations ont été violentes. Une manifestante a notamment été blessée à la tête, selon un journaliste de l'AFP. Amnesty International, qui redoute une "répression massive", a critiqué une "tentative ouverte et sans gêne des autorités russes pour intimider l'opposition".
Opposants arrêtés
Plusieurs figures de l'opposition ont également été arrêtées avant le début du cortège, notamment Ilia Iachine, Lioubov Sobol ou Dmitri Goudkov, qui avait affirmé vendredi que l'enjeu dépassait les élections locales. "Il s'agit de savoir si, dans la Russie d'aujourd'hui, il est possible de faire légalement de la politique", avait-il déclaré. Tous trois ont été relâchés dans la soirée. Ilia Iachine et Dmitri Goudkov devront comparaître devant un tribunal fin juillet, tandis que Lioubov Sobol s'est vue infliger une amende de 30'000 roubles (environ 470 francs).
Les domiciles et permanences de plusieurs candidats exclus avaient été perquisitionnés par avance et, mercredi, l'opposant numéro un au Kremlin Alexeï Navalny avait été renvoyé en prison 30 jours pour des infractions "aux règles des manifestations". Ces procédures font suite à l'ouverture d'une enquête pour "entrave au travail de la Commission électorale" de Moscou lors de précédentes manifestations à la mi-juillet. Elles peuvent aboutir à des peines atteignant cinq ans de prison, qui rappelleraient alors les importantes condamnations prononcées lors du mouvement de 2011-2012 contre le retour à la présidence de Vladimir Poutine.
Elections difficiles pour le pouvoir
Exceptionnellement élevée après l'annexion de la Crimée, la popularité de Vladimir Poutine a baissé depuis sa réélection pour un quatrième mandat l'année dernière et les scrutins de début septembre s'annoncent difficiles pour le pouvoir. Malgré de grands projets de modernisation et l'amélioration de la qualité de vie ces dernières années, Moscou demeure plus favorable à l'opposition que le reste du pays.
Agences/vic