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Infirmières bulgares libérées et graciées

Larmes et effusions de joie sur le tarmac de l'aéroport de Sofia
Larmes et effusions de joie sur le tarmac de l'aéroport de Sofia
Les cinq infirmières bulgares et le médecin d'origine palestinienne libérés par la Libye sont arrivés mardi matin à Sofia. Ils ont aussitôt été graciés par le président bulgare.

Condamnés à mort pour avoir inoculé le virus du sida à des
centaines d'enfants libyens, les six praticiens avaient quitté en
début de matinée la Libye, après huit ans de détention, à bord d'un
avion de la présidence française.



Le Haut Conseil judiciaire libyen avait commué la semaine dernière
en prison à vie la condamnation à mort des six accusés. Une
décision qui a ouvert la voie à leur rapatriement en vertu d'un
accord de 1984 sur les échanges de prisonniers.

Avec Benita et Cécilia

Les six personnes sont arrivées peu avant 09h00 suisses à
l'aéroport de Sofia en compagnie de la Commissaire européenne aux
affaires extérieures, Benita Ferrero-Waldner, et de l'épouse du
président français, Cécilia Sarkozy. Les deux femmes se trouvaient
depuis dimanche en Libye pour mener les négociations à leur
terme.



Les cinq infirmières et le médecin bulgares, visiblement fatigués
après huit années et demie dans les prisons libyennes, ont été
accueillis dans la liesse par leurs familles sur le tarmac de
l'aéroport de Sofia à leur descente d'un avion du gouvernement
français. Dès leur arrivée à Sofia, les six condamnés ont été
graciés par un décret du président bulgare.

Satisfaction

Peu après l'annonce des libérations, les chancelleries ont
exprimé leur satisfaction. «Le président de la République
française, Nicolas Sarkozy, et le président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso, se félicitent de l'accord (avec
Tripoli) qui a permis cette libération», ont déclaré dans un
communiqué la Commission européenne et l'Elysée.



Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso «saluent le geste
d'humanité de la Libye et de son plus haut dirigeant et s'engagent
à tout faire pour aider les enfants atteints du sida», selon le
communiqué qui mentionne la «médiation» accomplie dans ce dossier
par l'émir du Qatar.



«Ce dénouement n'aurait pas été possible sans les efforts et la
détermination de la Commission, et plus particulièrement de Benita
Ferrero-Waldner, tout au long du processus, et sans l'engagement
personnel de Cécilia Sarkozy», conclut le communiqué.

Aide médicale

Une source libyenne citée par l'agence Reuters a précisé que
l'accord conclu avec Tripoli prévoit une aide médicale européenne à
la Libye ainsi qu'un chapitre sur les relations politiques. L'UE,
ajoute-t-on de même source, a accepté d'améliorer ses relations
avec Tripoli et de mettre en place un partenariat, notamment
commercial.



Les cinq infirmières bulgares et le médecin d'origine
palestinienne, récemment naturalisé bulgare, ont été condamnés à
mort en décembre 2006 après avoir été reconnus coupables d'avoir
inoculé sciemment le virus du sida à 426 enfants libyens lorsqu'ils
travaillaient dans un hôpital pour enfants de la ville de Benghazi
au début des années 1990.

Accusations niées

Ils ont nié en bloc les accusations portées contre eux,
affirmant que les conditions d'hygiène déplorables à l'hôpital de
Benghazi étaient à l'origine de la contamination. Ils affirment en
outre que leurs supposés aveux leur ont été extorqués sous la
torture.



Les familles des enfants contaminés ont reçu des indemnités
s'élevant à plusieurs centaines de millions de dollars la semaine
dernière. Des sommes tirées d'un fonds mis en place par la
Fondation Kadhafi.



agences/tac

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Qui a payé les fonds pour leur libération?

Le chef de la diplomatie libyenne, Abdelrahman Chalgham, a affirmé mardi à Tripoli que l'Union européenne et la France avaient contribué aux compensations financières versées par le Fonds de Benghazi d'aide aux familles des enfants libyens contaminé par le sida.

"Tout le monde a payé le Fonds, y compris l'Union européenne et la France. Ils ont couvert les sommes versées aux familles et même plus", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

Ni l'Europe ni la France n'ont versé de fonds à la Libye, a répliqué mardi le président Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat s'exprimait peu après la libération des cinq infirmières et du médecin bulgares détenus depuis huit ans et demi en Libye.

Le président de la République a également dit que les critiques du réseau écologiste "Sortir du nucléaire" accusant la France d'un «troc nucléaire» avec la Libye n'avaient «rien à voir» avec le sujet des négociations.

Nicolas Sarkozy a en outre annoncé qu'il effectuerait mercredi un "déplacement politique" en Libye pour aider ce pays "à réintégrer le concert des nations", après la libération des infirmières et du médecin bulgares. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner l'accompagnera.

Enfin, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a indiqué mardi s'être engagé auprès du n°1 libyen Mouammar Kadhafi à travailler à une normalisation des relations entre l'UE et la Libye.

La science contre l'accusation

La culpabilité des 6 praticiens bulgares a été battue en brèche par d'éminents scientifiques, dont le Professeur Montagnier, chef de l'équipe qui a découvert en 1983 le virus à l'Institut Pasteur de Paris.

Dès 2003, il avait conclu à une contamination accidentelle résultant des conditions d'hygiène de l'hôpital de Benghazi.

Mais la conclusion, allant à l'encontre de la thèse officielle, avait été rejetée par le tribunal. Même le registre de l'hôpital démontrait que l'infection avait commencé avant l'arrivée du personnel bulgare, notait Luc Montagnier.

Une autre étude scientifique, réalisée par l'université d'Oxford (Angleterre) et publiée en décembre 2006 par la revue "Nature", avait aussi exclu la responsabilité des infirmières et du médecin dans la contamination des enfants libyens.

L'analyse des souches du virus du sida et de l'hépatite C en cause dans ces contaminations "démontre" la présence de ces souches virales à l'hôpital de Benghazi avant l'arrivée de l'équipe bulgare, selon Oliver Pybus, co-auteur de cette expertise internationale.