Selon l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, les sites web qui utilisent le plug-in "J'aime" de Facebook sont conjointement responsables, avec le géant américain, de la collecte et de la transmission des données personnelles de leurs clients. Autrement dit, cette collecte ne pourra plus être réalisée sans le consentement explicite des utilisateurs.
Contraire aux lois sur la protection des données
Ces boutons "J'aime" ou "Like" sont souvent incorporés aux sites de commerce en ligne, ou même à des contenus médias. Les plateformes qui les utilisent s'assurent ainsi une certaine publicité en apparaissant sur les réseaux sociaux. En retour, le lien nourrit l'activité de Facebook.
Pour la Cour de justice, cette fonctionnalité est contraire aux lois sur la protection des données personnelles. La simple visite des sites qui l'incorporent (il n'est nullement nécessaire de presser sur le bouton) suffit en effet pour que certaines données de l'internaute - adresse IP et identifiant du navigateur notamment - soient transmises à Facebook. Pour ces raisons, une association allemande avait saisi la justice en 2016. Elle reprochait à un site de vente de vêtements en ligne d'avoir transmis à Facebook les données personnelles de ses clients sans avoir obtenu leur consentement.
Mise en place compliquée
"Cette décision s'inscrit dans une démarche vers de plus en plus de transparence et de responsabilisation des acteurs commerciaux par rapport aux données personnelles", a réagi l'avocate Juliette Ancelle dans l'émission Forum de la RTS.
"C'est un peu la tendance actuelle, l'Union européenne prend des décisions de principe en matière de transparence. Mais leur mise en place concrète par les entreprises va être un peu plus compliquée, notamment parce que les données sont collectés dès qu'un internaute arrive sur un site équipé du plug-in de Facebook", poursuit la spécialiste en droit des nouvelles technologies et réseaux sociaux. Dès lors, à quel moment demander son consentement?
L'âge de la petite coche cachée est révolu
Pas question, toutefois, de planquer un avertissement en petits caractères dans un recoin d'une page internet. "On est à un âge où la petite coche cachée en bas d'un site ne fonctionne plus. Il faut un consentement exprès", avertit Juliette Ancelle. Pour elle, cela pourrait pousser les sites internet à se poser des questions avant d'opter pour l'installation d'une fonctionnalité de ce type, et peut-être à y renoncer s'ils estiment ne pas avoir les moyens de se conformer à la loi.
L'association allemande Bitkom, qui représentante les entreprises du net, a critiqué cet arrêt, estimant qu'il allait accabler les sites web d'une énorme responsabilité et augmenter la bureaucratie. A l'inverse, l'Association européenne de défense des consommateurs a salué le jugement de la Cour, considérant qu'il "clarifiait les droits des personnes en matière de données" et empêchait les entreprises de "se cacher derrière Facebook".
Sujet radio: Katja Schaer
Adaptation web: Vincent Cherpillod/afp