La plainte a été déposée vendredi auprès du procureur de Paris pour "carences fautives dans la mise en œuvre des mesures de police générale – notamment la protection et l'information des populations et des travailleurs – ayant pour conséquence la mise en danger délibérée d'autrui et la non-assistance à personne en danger". Le texte ajoute: "Les autorités compétentes, y compris le diocèse (...), ont omis de porter secours aux populations permanentes, temporaires et aux travailleurs et les ont laissé subir les retombées toxiques".
Robin des Bois, l'association de défense de l'environnement, juge que les autorités auraient dû prendre "des mesures immédiates de confinement de la population riveraine et des travailleurs", "empêcher les attroupements à proximité de l'incendie pendant qu'il faisait rage", le 15 avril. Les autorités auraient également dû "imposer un éloignement et un confinement des populations", "énoncer des recommandations sanitaires immédiatement après le sinistre ou du moins dans des délais raisonnables c'est-à-dire 24/48 heures après".
"Ce n'est pas Tchernobyl"
Des accusations balayées par le préfet. Selon lui, pas de risque, sauf "à lécher le sol du parvis". Pour l'architecte en chef, responsable du chantier, "ce n'est pas non plus Tchernobyl". Des propos qui font bondir Charlotte Nithart, de l'association Robin des Bois, au micro de la RTS: "C'est inexact et c'est assez dramatique d'entendre de la part d'un préfet chargé de protéger les populations des propos de ce type. Pour Tchernobyl, sincèrement, je ne pensais pas encore entendre ce type d'argument. On peut toujours trouver pire ailleurs. Ce n'est p
as Tchernobyl, ce n'est pas la fin du monde. Mais quand il y a un risque avéré, le rôle des autorités, c'est de protéger les populations face à ce risque".
L'association juge également tardive la fermeture jeudi dernier des deux écoles du VIe arrondissement, transformées en centres de loisirs pour l'été. Des taux de pollution au plomb supérieurs à 5000 microgrammes/m2 avaient été relevés dans les cours extérieures. Depuis l'incendie, des taux de concentration importants de plomb, auxquels les enfants sont particulièrement exposés, ont été relevés aux alentours de l'édifice.
"Une friche industrielle"
Pour Robin des Bois, la cathédrale est "une friche industrielle", mais il n'est cependant pas trop tard pour agir selon les militants: "On souhaite qu'à partir de maintenant l'information soit beaucoup plus transparente et que les établissements sensibles – comme les écoles – soient dépollués à fond pendant l'été", insiste Charlotte Nithart. "Et que les gens aient des infos adaptées. Et les touristes aussi! Car il y a des touristes qui ignorent les risques, qui mangent leur sandwich assis sur les pierres en face de la Seine, qui posent leur sandwich et le reprennent. Il y a un déni!"
Peut-être la fin du déni? Le chantier a été interrompu pour une semaine. Le temps de mieux évaluer les risques et les protocoles de sécurité.
Sujet radio: Joëlle Meskens
Adaptation web: Stéphanie Jaquet et l'ats
Flèche et toiture fondues
Plusieurs centaines de tonnes de plomb contenues dans la charpente de la flèche et la toiture ont fondu pendant l'incendie et se sont volatilisées sous forme de particules.
Vendredi, un groupe scolaire situé rue Saint-Benoît (VIe arrondissement) a été fermé sine die, en raison d'un taux en plomb trop important.
Une exposition aiguë ou chronique à des niveaux élevés de plomb entraîne des troubles digestifs, une perturbation des reins, des lésions du système nerveux ou des anomalies de la reproduction.