Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à différents endroits du centre de Moscou, sous la surveillance d'un important dispositif de policiers et de soldats de la garde nationale. Et ces derniers n'ont pas tardé à procéder aux premières arrestations.
Selon un décompte encore provisoire de l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, plus de 600 personnes dont au moins six journalistes ont été interpellées au cours de la manifestation, qui n'avait pas été autorisée par les autorités.
Multiplication des condamnations depuis une semaine
Les protestataires se sont réunis sans leaders après la multiplication des condamnations depuis une autre action de protestation le week-end dernier dans la capitale russe, qui s'était soldée par près de 1400 interpellations - du jamais vu depuis le retour du président Vladimir Poutine au Kremlin en 2012.
Dernière opposante d'envergure encore en liberté, la jeune avocate Lioubov Sobol a été interpellée quelques minutes avant le début de la manifestation. "Les autorités font tout ce qu'elles peuvent pour essayer d'intimider l'opposition, pour s'assurer que les gens ne sortent pas dans la rue pour protester pacifiquement", a-t-elle déclaré avant son arrestation.
En grève de la faim depuis trois semaines, elle a jusqu'ici échappé à la prison en raison de son enfant en bas âge.
Alexeï Navalny toujours en prison
Le principal opposant au Kremlin, le blogueur anticorruption Alexeï Navalny, purge depuis le 24 juillet une peine de 30 jours de prison. Hospitalisé le week-end dernier pour une "grave réaction allergique" avant d'être renvoyé en cellule, il a saisi la justice pour un possible "empoisonnement".
La plupart de ses alliés et des autres meneurs de la contestation ont eux aussi écopé de courtes peines de détention, comme plusieurs candidats de l'opposition privés des élections locales de septembre.
Les enjeux des élections de septembre
La contestation a démarré après le rejet des candidatures indépendantes aux élections locales du 8 septembre, qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.
Selon l'opposition, la détermination des autorités à barrer l'entrée de ses candidats au Parlement de Moscou lors du scrutin du 8 septembre s'explique par le fait qu'ils pourraient découvrir et dénoncer en cas de victoire les nombreux circuits de corruption et de détournement dans la gestion d'une ville au budget annuel faramineux de plus de 40 milliards de francs.
afp/oang
Enquête contre l'organisation d'Alexeï Navalny
La justice russe a annoncé samedi l'ouverture d'une enquête pour "blanchiment" contre l'organisation d'Alexeï Navalny.
Les enquêteurs ont accusé dans un communiqué son Fonds de lutte contre la corruption d'avoir reçu de manière illégale des sommes atteignant près d'un milliard de roubles (15 millions de francs.).
Inculpations pour "troubles massifs"
Accentuant encore la pression d'un cran avant la manifestation, la justice a inculpé plusieurs personnes dans le cadre d'une enquête pour "troubles massifs", une accusation lourde qui fait planer la menace de peines allant jusqu'à 15 ans de prison.
Cinq d'entre elles, dont des avocats travaillant pour des ONG de défense des droits civiques, ont été placées en détention provisoire vendredi dans l'attente de leurs procès.