L'article 370 de la Constitution indienne conférait un statut spécial à cet Etat du nord et autorisait le gouvernement central de New Delhi à légiférer seulement en matière de défense, affaires étrangères et communications dans la région, le reste relevant de l'assemblée législative locale.
Le décret présidentiel entre en vigueur immédiatement, a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur Amit Shah devant le Parlement. Une décision explosive pour cette région himalayenne en proie à une insurrection séparatiste et revendiquée par le Pakistan.
Etat divisé en deux
Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi a présenté au Parlement un projet de loi pour diviser le Jammu-et-Cachemire. Le Ladakh, sa partie orientale à majorité bouddhiste, en sera séparé.
Le Jammu-et-Cachemire restant, qui comprendra les plaines à majorité hindoue de Jammu au sud et la vallée de Srinagar à majorité musulmane dans le nord, va perdre le statut d'État fédéré, pour être rétrogradé au statut de "territoire de l'Union". Cela signifie que la région sera sous l'administration directe de New Delhi et n'aura presque plus aucune autonomie.
Décision "illégale"
La révocation de l'autonomie du Cachemire était une vieille promesse de campagne des nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi, qui a été triomphalement réélu au printemps pour un deuxième mandat.
"Aujourd'hui marque le jour le plus noir de la démocratie indienne", a tweeté l'ancienne cheffe de l'exécutif de Jammu-et-Cachemire Mehbooba Mufti. "La décision unilatérale du gouvernement indien d'abolir l'article 370 est illégale et inconstitutionnelle fera de l'Inde une force d'occupation au Jammu-et-Cachemire", a-t-elle déclaré sur le réseau social, assignée à résidence depuis la nuit dernière.
Réseau coupé et dirigeants bloqués
Alors que des dirigeants locaux craignent d'être arrêtés, les accès à internet et aux services téléphoniques ont été coupés lundi.
Les tensions ont été ravivées vendredi lorsque les autorités indiennes ont lancé un appel à la vigilance contre d'éventuels actes terroristes planifiés par des insurgés que New Delhi accuse d'être soutenus par Islamabad, ce que le Pakistan dément. La mise en garde a conduit des milliers de personnes à quitter la région.
agences/ani
Colère au Pakistan
Dans un communiqué, les autorités pakistanaises ont condamné la décision du gouvernement indien, qualifiée "d'illégale", et ont prévenu qu'ils emploieraient "tous les moyens" pour la dénoncer.
"Partie prenante de ce contentieux international, le Pakistan emploiera tous les moyens possibles pour contrer cette démarche illégale", a dit le ministère pakistanais des Affaires étrangères.