Frontex était au courant de pratiques de maltraitance, elle les a même documentées: utilisation de sprays au poivre contre des migrants, traque à l'aide de chiens. Certains fonctionnaires nationaux auraient également refoulé brutalement des migrants aux frontières. Voilà ce que révèlent les journalistes du Guardian, de la chaîne allemande ARD et du site d'investigation Correctiv qui ont dépouillé une centaines de documents internes.
Malgré cela, Frontex n'a rien fait et c'est ce qu'on lui reproche aujourd'hui. Car l'agence est sensée être la référence européenne en la matière, elle qui coordonne des opérations dans toute l'Europe.
Pratiques de maltraitance aussi imputées à Frontex
Dans le reportage qui sera diffusé mardi soir sur ARD, le porte-parole de Frontex explique que l'agence prend contact avec l'Etat dans lequel des abus sont constatés afin de discuter de la situation, avec des conséquences qui peuvent aller jusqu'à la fin de l'opération, si elle constate des manquements graves. L'agence ne le fait toutefois pas. Pire encore, certains de ses employés sont accusés d'avoir eux-mêmes eu des pratiques de matraitance.
L'agence a réagi à ces accusations en réfutant catégoriquement "toute participation de ses officiers à des violations des droits fondamentaux", en rappelant aussi qu'elle n'a aucune autorité sur les polices locales.
Examen approfondi prévu
Frontex n'échappera toutefois pas à un examen approfondi, puisque la Commission européenne a promis de mener sa propre enquête. L'Union européenne risque en effet gros pour sa réputation. Elle a décidé en 2016 d'élargir le mandat de Frontex pour répondre à la crise migratoire. L'agence compte actuellement 1500 fonctionnaires, mais ce chiffre pourrait être multiplié par 7 d'ici à 2020.
Joëlle Cachin/ebz
Sujet traité dans le journal de 12h30 du 6 août 2019