Augmenter la TVA sur la viande de 7% actuellement à 19% et financer avec cet argent de meilleures conditions d'élevage: cette proposition des députés Verts et du SPD paraît simple. Elle viserait à sortir de l’élevage de masse, à faire baisser la consommation de viande, ce qui serait aussi favorable au climat, puisqu’élever des animaux dégage trois fois plus de gaz à effet de serre que de faire pousser des plantes.
"On n’estime pas la viande à sa juste valeur, au contraire, malheureusement, on la brade", explique le social-démocrate Rainer Spiering. "Nous avons des discounters en Allemagne qui vendent une livre de viande hachée à 2,50 euros. On ne parle pas de marchandise de valeur dans ce cas, mais d’un produit bien trop dévalué alors qu’il a quelque chose à voir avec le monde animal, l’environnement. Et je ne parle même pas des questions d’éthique."
L'ensemble du système des TVA à revoir
La proposition a pourtant suscité de nombreuses réactions négatives. L'augmentation du prix de la viande pèserait sur les finances des foyers modestes, avancent les plus sceptiques. Elle provoquerait en plus des importations de mauvaise qualité, ce qui ne ferait que déplacer le problème et n'améliorerait pas le bien-être animal.
Le coprésident des Verts Robert Habeck est lui aussi opposé à la proposition de ses collègues de parti. Selon lui, le système même des TVA n'a plus aucune cohérence en Allemagne et plutôt que de gonfler les prix d'un produit, il faut revoir l'ensemble des taxes sur le principe d'orientation écologique et prendre en compte l'impact social.
Le débat intervient alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) appelle à manger moitié moins de viande, et jusqu'à 70 à 90% de moins dans certains pays d'Europe de l'Ouest ou d'Amérique du Nord. Les Allemands en sont d'ailleurs plutôt friands, avec 60 kilos consommés par habitant en 2018. La même année, la consommation individuelle de viande en Suisse s'est élevée à 52 kilos.
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Blandine Milcent/ani