Elections rapides en vue d'un gouvernement potentiellement 100% d'extrême droite ou équipe technique? Décidé brutalement et en plein été par Matteo Salvini, chef de la Ligue et homme fort du gouvernement, l'éclatement de la coalition populiste au pouvoir depuis 14 mois plonge l'Italie dans l'incertitude.
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L'annonce du chef de l'extrême droite a été brutale et a pris de court son désormais ex-allié, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème).
Cette décision inattendue de Matteo Salvini a provoqué la colère du chef du gouvernement Giuseppe Conte et de Luigi Di Maio, qui ont accusé le ministre de l'Intérieur de vouloir capitaliser sur ses bons sondages, sans se soucier du bien des Italiens.
Ligue très bien placée dans les sondages
La crise au sein de la coalition a été déclenchée par le dernier vote de la session parlementaire sur la ligne Lyon-Turin, mercredi. Le M5S a tenu à voter contre ce projet de liaison franco-italienne à grande vitesse, soutenu avec force par la Ligue.
Selon les médias italiens, la Ligue voudrait que les élections législatives se déroulent dans la seconde moitié d'octobre. Les dimanches 13, 20 et 27 sont évoqués.
Quelle que soit la date, la Ligue se présentera en position de force avec ses 34% recueillis aux européennes et des sondages qui la donnent à 36-38% des intentions de vote, lui permettant potentiellement de gouverner seule, ou avec l'appui déjà acquis d'avance du parti post-fasciste Fratelli d'Italia.
Le M5S est pour sa part retombé loin derrière, avec environ 17% des intentions de vote, moitié moins que son score aux législatives de mars 2018.
A Sergio Mattarella de trancher
La grande inconnue reste la réaction du chef de l'Etat, Sergio Mattarella, qui a seul le pouvoir de dissoudre le Parlement, après consultation des présidents des deux chambres et des principaux dirigeants politiques avant de convoquer un scrutin.
Or Sergio Mattarella est notoirement opposé à des élections à l'automne, la période où le gouvernement doit préparer le budget de l'année suivante, en discuter avec Bruxelles et le faire adopter au Parlement.
Un gouvernement sortant, expédiant simplement les affaires courantes, n'aurait pas le poids nécessaire pour négocier avec Bruxelles et cette situation pourrait nuire à l'Italie sur les marchés.
Selon l'agence AGI, le Sénat pourrait se réunir le 20 août pour acter la chute du gouvernement, et le Parlement pourrait être dissous quelques jours plus tard. De nouvelles élections devraient alors être convoquées dans un délai de 50 à 70 jours, selon la Constitution italienne.
afp/nr
La crise en Italie fait bondir les rendements
Dès l'ouverture des marchés vendredi matin, le spread - le très surveillé écart entre le taux de la dette italienne et le taux allemand de référence à dix ans - a bondi de 25 points, pour s'établir à 235 points. Un chiffre qui témoigne de l'inquiétude des milieux financiers.
La Bourse de Milan est pour sa part en baisse de 1,83%.
Déjà avant la crise surprise au gouvernement, la troisième économie de la zone euro était mal en point. Après une "récession technique" au deuxième semestre 2018, l'Italie a connu une croissance nulle de son produit intérieur brut (PIB) sur les six premiers mois de l'année en cours.
Pour 2019, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance italienne de seulement 0,1%, et le gouvernement de 0,2%. Mais certains experts sont encore plus pessimistes, estimant que la péninsule pourrait de nouveau tomber en récession.