Depuis deux semaines, les organes de propagande chinois publient les images violentes des manifestations dans l’ex-colonie britannique en mettant l’accent sur les déprédations et les insultes aux symboles chinois. Les médias d’Etat évoquaient jusqu’ici l’influence de "forces extérieures."
Mais depuis jeudi, le parti communiste dénonce une conspiration des Etats-Unis qui auraient collaboré avec des "traîtres influents" pour allumer l’incendie hongkongais.
Le rôle d'une diplomate américaine en question
Plusieurs médias chinois ont repris la publication de Ta Kung Pao - un journal hongkongais pro-Pékin - sur laquelle apparaissent de jeunes leaders pro-démocratiques en pleine discussion avec une diplomate américaine, Julie Eadeh. Cette employée du consulat américain de Hong Kong est présentée comme une mystérieuse et discrète collaboratrice, experte en matière d’insurrection et de mouvements de contestation.
Le consulat américain, de son côté, évoque un contact de routine et précise entretenir des liens fréquents avec des politiciens pro-Pékin également. "Affirmer que les millions de manifestants hongkongais sont victimes d’une manipulation n’est tout simplement pas crédible", a déclaré la représentation américaine.
Une communication "irresponsable"
Les médias chinois ont même dévoilé des données personnelles détaillées de Julie Eadeh, jusqu’au nombre et au nom de ses enfants. Washington dénonce une opération de communication irresponsable de la Chine. "Pékin agit comme un Etat voyou", a assené un porte-parole américain vendredi.
Le représentant chinois des affaires étrangères à Hong Kong a qualifié les critiques américaines de "flagrante diffamation", précisant que la Chine s’oppose fermement à des propos dignes d’une "logique de gangster" et révélateurs de la "pensée hégémonique" de Washington.
La dirigeante de Hong Kong exclut toute concession
La cheffe de l'exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, a de son côté à nouveau exclu toute concession aux manifestants prodémocratie. Elle a mis en garde contre une grave crise économique engendrée par le mouvement de protestation, qui a touché l'aéroport de la mégapole (voir encadré).
"En ce qui concerne une solution politique, je ne crois pas que nous devrions faire des concessions dans le but de faire taire les manifestants auteurs de violences", a déclaré Carrie Lam lors d'une conférence de presse surprise, deux mois jour pour jour après le début de la mobilisation.
Michael Peuker/oang avec afp
Sit-in des manifestants à l'aéroport
Des milliers de manifestants prodémocratie ont entamé vendredi un sit-in à l'aéroport de Hong Kong, dans le but de sensibiliser les visiteurs étrangers à leur mobilisation entamée il y a deux mois jour pour jour.
Pour la plupart vêtus de noir, couleur emblématique d'un mouvement né lors d'une manifestation monstre le 9 juin, ils se sont assis sur le sol, dans le hall des arrivées, brandissant des pancartes condamnant en chinois et en anglais les violences policières. Cette action devrait se poursuivre durant le week-end, parallèlement à de nouvelles manifestations en ville prévues samedi et dimanche.
La cheffe de l'exécutif de Hong Kong a exclu vendredi toute concession aux manifestants, tout en mettant en garde contre une grave crise économique engendrée par le mouvement de protestation.
"En ce qui concerne une solution politique, je ne crois pas que nous devrions faire des concessions dans le but de faire taire les manifestants auteurs de violences", a déclaré Carrie Lam lors d'une conférence de presse surprise, deux mois jour pour jour après le début de la mobilisation.
Pékin désormais ciblé par les manifestants
La mégapole du sud de la Chine connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession par Londres en 1997, avec des manifestations et des actions presque quotidiennes qui ont souvent dégénéré en violences entre activistes radicaux et forces de l'ordre.
Née du rejet d'un projet de loi controversé de l'exécutif hongkongais pro-Pékin qui voulait autoriser les extraditions vers la Chine, la mobilisation a considérablement élargi depuis ses revendications, avec en ligne de mire le pouvoir central chinois.
Les manifestants demandent ainsi la démission de l'actuelle cheffe de l'exécutif local Carrie Lam, puis l'élection de son successeur au suffrage universel direct. Ils exigent aussi une enquête sur les violences dont ils accusent la police et l'abandon pur et simple du projet de loi sur les extraditions, qui n'est officiellement que suspendu.