"Je suis ici par la volonté d'un homme, par l'acharnement d'un
homme, Nicolas Sarkozy". "J'en sortirai libre et blanchi au nom du
peuple français", a-t-il poursuivi. "Je sais que la vérité
triomphera."
L'ex-Premier ministre a été très applaudi à son arrivée au
tribunal. Avant d'entrer dans la salle d'audience de Paris qui doit
juger pendant un mois l'"affaire Clearstream", il s'est adressé aux
journalistes avec gravité, entouré de ses trois enfants et de son
épouse.
"Certains voudraient croire qu'il n'y a pas dans notre pays de
procès politique, je veux le croire aussi et pourtant nous sommes
ici en 2009 et nous sommes en France", a-t-il ajouté soulignant que
son "combat" est celui "de toutes celles et tous ceux qui se
battent contre l'injustice, de toutes celles et tous ceux qui sont
victimes de l'abus de pouvoir".
Partie civile
Le chef de l'Etat est partie civile dans ce procès, ce qui
transforme l'audience en une bataille politique sans précédent au
plus haut niveau de l'Etat.
Le président est en effet assuré de l'immunité pendant son mandat
conformément à un article de la Constitution qui ne lui interdit
pas toutefois de réclamer justice. Pour le camp Villepin, Nicolas
Sarkozy introduit devant le tribunal une "rupture du principe du
procès équitable", parce que sa fonction pèse sur les débats, et
parce qu'il ne peut pas, de son côté, être poursuivi. "Nous voulons
être jugés équitablement", a demandé un des avocats, Me Henri
Leclerc.
Nicolas Sarkozy est une partie civile comme les autres, a rétorqué
l'avocat du président, Me Thierry Herzog. Les déclarations de
l'ancien Premier ministre sont injurieuses pour la justice, a-t-il
estimé.
La cour ne se prononcera sur cette question qu'a l'issue du
procès, dans son délibéré.
Juger des pratiques occultes
Au coeur du dossier, qui
remonte à 2003: de faux listings de personnalités politiques et
industrielles, dont Nicolas Sarkozy, accusées de détenir des
comptes occultes à la chambre de compensation luxembourgeoise
Clearstream. Le but de la manipulation est de discréditer ces faux
détenteurs de comptes, en les faisant passer pour des bénéficiaires
de pots-de-vin au moment d'une vente d'armements à Taïwan en
1991.
Dominique de Villepin, inculpé de complicité de dénonciation
calomnieuse et qui risque jusqu'à cinq ans de prison et 45'000
euros d'amende, nie quant à lui toute implication dans cette
falsification.
L'avenir politique de Dominique de Villepin en jeu
Devant le tribunal, l'ex-Premier ministre joue son avenir
politique. Malgré la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 et même
s'il est aujourd'hui isolé politiquement, il n'a pas renoncé à ses
ambitions présidentielles.
A ses côtés, comparaîtront Imad Lahoud, mathématicien auteur
présumé des faux listings informatiques, Jean-Louis Gergorin,
ex-dirigeant du groupe EADS , ainsi qu'un ancien auditeur chez
Arthur Andersen, Florian Bourges, et enfin un journaliste
d'investigation, Denis Robert. Dénouement du procès, le 23
octobre.
afp/ats/bri