Ce rassemblement, autorisé mais cantonné à une seule avenue, s'est déroulé sans incidents. Mais plusieurs centaines de personnes ont voulu continuer la manifestation devant l'administration présidentielle, située à quelques centaines de mètres, où les attendait un imposant dispositif policier.
Le rassemblement autorisé a été suivi par 49'900 personnes, selon l'ONG Compteur Blanc, qui réalise des comptages de manifestants, tandis que la police russe a donné le chiffre de 20'000.
Pour son quatrième week-end consécutif de manifestation à Moscou, ce mouvement de contestation ne faiblit pas, en dépit de la sévère réponse des autorités et de l'absence de presque tous les dirigeants de l'opposition, condamnés à de courtes peines de prison.
"Pays prisonnier"
Dans le calme, les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Donnez-nous le droit de vote" ou "Vous nous avez assez menti" tandis que d'autres brandissaient des drapeaux russes ou les portraits d'activistes arrêtés lors des précédentes manifestations.
"J'ai l'impression que le pays est prisonnier et ses citoyens en otage (...) Personne ne représente les gens", assure de son côté Dmitri Khobbotovski, un militant du mouvement "Russie ouverte" de l'ex-oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski.
"Je ne vais pas aller à la manifestation. Mais vous savez quoi faire sans moi. Je suis fière de tous ceux qui sont venus", a-t-elle déclaré sur Twitter.
Eviter les arrestations massives
Si l'autorisation délivrée par la mairie de Moscou devrait permettre d'éviter les arrestations massives vues ces dernières semaines, l'équipe d'Alexeï Navalny a appelé à une marche en ville après le rassemblement. La police a prévenu qu'elle serait "immédiatement stoppée".
D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de Russie. A Saint-Pétersbourg, 20 personnes ont notamment été interpellées, selon l'ONG OVD-Info.
La contestation a démarré après le rejet, pour des prétextes douteux, d'une soixantaine de candidats indépendants aux élections locales du 8 septembre, qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.
>> Lire aussi : Vladimir Poutine célèbre les 20 ans de son accession au pouvoir en Russie
ats/jfe
Des milliers d'arrestations en juillet
Le 20 juillet, pour la dernière manifestation autorisée par les autorités locales, plus de 20'000 personnes avaient répondu à l'appel sur cette même avenue Sakharov. Les deux rassemblements suivants, interdits, se sont soldés par respectivement 1400 et un millier d'interpellations.
Ce durcissement de la répression face à la contestation s'exprime aussi par les nombreuses perquisitions ayant visé des opposants ou de simples manifestants, l'ouverture d'une enquête pour "blanchiment" visant l'organisation du chef de file de l'opposition Alexeï Navalny et les courtes peines d'emprisonnement auxquelles ont été condamnés presque tous ses alliés politiques.
Parmi les leaders de l'opposition libérale, seule l'avocate Lioubov Sobol était encore en liberté grâce à son enfant, la loi russe interdisant les peines de détention administratives pour les femmes ayant des enfants en bas âge. Elle a toutefois été interpellée avant la manifestation après une perquisition de la police dans son local de campagne.