Des milliers de manifestants pro-démocratie étaient de retour dans les rues de Hong Kong dimanche pour le dixième week-end de mobilisation d'affilée. Mais dans les rangs de ces jeunes et moins jeunes protestataires qui, depuis le 9 juin, mettent à l'épreuve le gouvernement pro-Pékin de Carrie Lam, figurent plusieurs types de combattants. Certains misent sur l'engagement politique militant, d'autres ont choisi la méthode radicale.
"En tant que Hong-Kongais, on doit se tenir debout et se battre contre le parti diabolique pour protéger les valeurs importantes à nos yeux comme la démocratie, la liberté et la morale", explique Isaac Cheng, un étudiant en sociologie rencontré par le 19h30 de la RTS. A 19 ans, il assure le rôle de vice-président du parti politique Demosisto, lancé il y a trois ans par des jeunes.
Présent à chaque rendez-vous avec tracts, pancartes et mégaphones, Demosisto milite de façon pacifiste pour alerter l'opinion internationale avec des opérations bien visibles, à l'instar du sit-in organisé de vendredi à dimanche à l'aéroport international de Hong Kong.
Dérapages
Mais d'autres rassemblements ont dérapé. Les militants se sont mobilisés tout l'après-midi en différents lieux de la ville. Dans le quartier ouvrier de Sham Shui Po, à Kowloon, où toute manifestation avait été interdite, des milliers de personnes, beaucoup vêtues de noir, ont érigé des barricades de métal et de plastique et bloqué des routes près d'un poste de police.
A la tombée du jour, en guise de provocation, ils ont fait luire des rayons laser bleu sur la façade du poste alors que la police brandissait une pancarte les exhortant à se disperser. Peu après, des manifestants ont lancé des briques en direction des forces de l'ordre qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes.
Méthode forte
"Ça fait longtemps qu'on se bat et le gouvernement ne nous apporte aucune réponse, donc je pense que c'est nécessaire de prendre le risque de ne plus être dans des rassemblements calmes, rationnels et non violents", justifie Tony Chung, rencontré la semaine passée par la RTS.
A la différence d'Isaac Cheng, ce jeune de 18 ans, tout juste bachelier, a choisi la méthode forte. Il participe aux manifestations en première ligne, équipé d'un casque, d'un masque et de lunettes pour se protéger des coups et des tirs de gaz lacrymogène de la police.
Deux approches aux antipodes de jeunes qui, au-delà des méthodes, se rejoignent dans leur lutte contre la pression du pouvoir central de Pékin, lequel a ces derniers jours musclé son discours et intensifié les menaces à l'égard des manifestants.
Propos recueillis par Antoine Vedeilhé
Adaptation web: Juliette Galeazzi (avec AFP)