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La police de Hong Kong est montée en force lors des dernières manifestations

La police a procédé à une démonstration de force dimanche à Hong Kong. [AP/Keystone - Kin Cheung]
La police de Hong Kong monte en force face aux manifestations / La Matinale / 2 min. / le 12 août 2019
L’ancienne colonie britannique a été le théâtre de nouvelles manifestations violentes ce week-end. Après les appels de Pékin pour plus de fermeté, la répression policière s'est intensifiée.

Face aux milliers de manifestants, armés de briques et de cocktails molotov, les forces de l'ordre ont violemment réagi ce weekend. Déjà très critiquée pour son usage de la force, la police est montée en puissance, battant parfois des opposants plaqués au sol et tirant du gaz lacrymogène jusque dans les stations de métro.

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Une police "influencée" par Pékin

Jean-Pierre Cabestan, professeur de science politique à l’université baptiste de Hong Kong, y voit la confirmation de l’évolution des pratiques policières depuis la rétrocession en 1997.

"Ça traduit le fait que la police hongkongaise n’est plus formée dans les pays du Common Wealth, mais en Chine. On sait très bien que la police de Hong Kong est influencée par la manière dont la police chinoise du continent gère les foules et les manifestants. Cette évolution se traduit donc par une plus grande violence à l’égard des manifestants."

Des policiers de la Chine continentale en renfort?

Les forces de l'ordre auraient par ailleurs été discrètement renforcées ces dernières semaines. "On a un faisceau de preuves de plus en plus net que la police hongkongaise est épaulée par des éléments venus de Chine continentale, explique Jean-Pierre Cabestan. Evidemment, ça créé beaucoup d’émotion à Hong Kong parce que c’est interdit en fonction de la loi fondamentale."

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La Chine violerait le principe "Un pays, deux systèmes"

En vertu du statut spécial de l'ancienne colonie britannique rendue à la Chine en 1997, Hong Kong bénéficie d’une large autonomie. Si la Chine est responsable des Affaires étrangères et de la Défense, elle ne peut pas intervenir dans la gestion de la sécurité du territoire – une affaire interne qui incombe, en principe, au seul gouvernement de Hong Kong.

L’envoi de renforts au sein des forces de police hongkongaises, s'il était ouvertement reconnu, constituerait une grave entorse au principe "Un pays, deux systèmes" régi par l’accord de rétrocession passé entre la Chine et le Royaume-Uni.

Michael Peuker/asch

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Un "Tiananmen" à Hong Kong?

Malgré l'intensification de la répression policière et les menaces d'intervention musclées, le risque économique devrait dissuader Pékin de commettre un nouveau "Tiananmen" dans l'ancienne colonie britannique, estiment des experts.

"Pékin utilise la menace de l'APL (ndlr, armée de la Chine continentale) ou d'une autre forme d'intervention directe afin d'effrayer les manifestants", observe le chercheur Ben Bland, de l'institut australien Lowy. "Mais compte tenu du risque sur le terrain, ainsi que pour la réputation et l'économie de la Chine, envoyer l'APL serait très dangereux".

"Il ne faut pas oublier que le gouvernement chinois est mû par son intérêt et que l'intérêt personnel des dirigeants chinois est lié au maintien de la stabilité économique à Hong Kong", déclare à l'AFP Wu'er Kaixi, un ancien dirigeant étudiant du mouvement de Tiananmen. "Je pense qu'ils ont appris la leçon que le prix du recours à l'armée est très élevé".

afp