Avec 36% à 40% des suffrages d'après les projections diffusées
par les chaînes RTP, SIC et TVI, le Parti socialiste arrive
largement en tête de ces législatives. Il fait toutefois moins bien
qu'il y a quatre ans, lorsqu'il avait recueilli 45% des voix et
obtenu une majorité absolue au Parlement avec 121 sièges sur 230.
Selon la chaîne SIC, il pourra compter sur 99 à 103 sièges.
Mauvais score historique du PSD
Le parti social-démocrate (PSD) de Manuela Ferreira Leite,
principale formation de centre-droit, obtient quant à lui entre 25
et 30,3% des voix, selon les sondages. Il s'agit de l'un des plus
mauvais scores de l'histoire du parti.
Le Bloc de gauche et le Centre démocratique et social-Parti
populaire (CDS-PP, conservateur) se disputent la troisième place
avec 8,5% à 12% des suffrages pour le premier - en nette
progression depuis 2005 -, et 8,5% à 11,6% des voix pour le
second.
Gouvernement minoritaire
En l'absence annoncée de partenaire pour une coalition, ce score
devrait contraindre le PS à constituer un gouvernement minoritaire.
Avant le scrutin, le Bloc de gauche avait rejeté toute éventualité
d'alliance avec José Socrates - dont ils jugent la politique trop
libérale - tout comme les communistes et les écologistes de la
Coalition démocratique unie (CDU), qui ont recueilli 6% à 10% des
voix selon les projections.
Les socialistes devront dont trouver des arrangements avec le PSD
sur des dossiers prioritaires comme les finances publiques ou le
budget 2010 tout en se tournant, sur d'autres sujets à connotation
plus sociale, vers les petites formations de gauche pour faire
passer leurs textes.
Malgré ces difficultés, le ministre socialiste du travail José
Vieira da Silva a estimé, dans une première réaction officielle,
que «le PS a obtenu une victoire claire et sans équivoque dans des
conditions difficiles». Après les élections de 2005, le parti de
José Socrates avait eu les mains libres pour assainir les finances
publiques et réformer le régime des retraites du secteur
public.
Retour à la normalité
Pour Rui Oliveira Costa, de l'institut de sondage Eurosondagem,
le Portugal ne fait finalement qu'opérer un retour à sa «normalité»
politique, avec un électorat qui se disperse parmi les cinq grands
partis du pays. «Les circonstances qui ont mené les socialistes à
une majorité en 2005 ne peuvent quasiment pas se répéter»,
dit-il.
Alors que la dette atteint des sommets et que le taux de chômage
est à son plus haut niveau depuis les années 1980, les électeurs
semblent privilégier la stabilité gouvernementale «face à une
opposition qui n'a pas présenté d'alternative convaincante»,
constate l'analyste politique Pedro Magalhaes.
Selon les projections des télévisions, l'abstention se situerait
entre 36,9 et 43%, en hausse par rapport aux dernières législatives
de 2005 (34,97%).
ats/cht
José Socrates, un réformateur déterminé et impatient
Le Premier ministre socialiste portugais José Socrates, qui devrait être reconduit pour un second mandat après la victoire de son parti aux législatives, est un réformateur déterminé et impatient, défenseur d'une politique de résultats.
Né en 1957 près de Vila Real (nord), au sein d'une famille libérale de classe moyenne, Socrates affirme avoir été "éveillé à la vie politique par le 25 avril", la Révolution des Oeillets qui mit fin à 42 ans de dictature en 1974.
Après un bref passage au Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), il suit des études d'ingénieur avant d'adhérer en 1981 au PS, alors dans l'opposition. C'est là que José Socrates Carvalho Pinto de Sousa abandonne son nom de famille pour faire de son deuxième prénom son patronyme politique.
Elu député à 30 ans, réélu en 1991, il est nommé secrétaire d'Etat à l'Environnement en 1995, puis ministre-adjoint à la Jeunesse et aux Sports, avant de devenir en 1999 ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire.
C'est à ce titre qu'il autorise en 2002, trois jours avant des législatives perdues par les socialistes, la construction du complexe Freeport, un gigantesque "village de marques" ("outlet"), dans une zone protégée du sud de Lisbonne. Une décision qui déclenche une plainte d'une association écologiste et l'ouverture d'une enquête pour corruption, toujours en cours.
Elu secrétaire-général du PS en 2004, Socrates offre l'année suivante au Parti socialiste la première majorité absolue de son histoire. Faisant du redressement budgétaire sa grande priorité, il réussit en deux ans à réduire le déficit public de plus de moitié, au prix d'une grogne sociale grandissante.
En juin dernier, il avait subi un sérieux revers lors des élections européennes, remportées par la droite et marquées par une forte poussée de la gauche antilibérale.
Depuis, ce professionnel de la politique a infléchi son discours, reconnaissant un "manque de délicatesse" dans la gestion de certains dossiers, et s'est engagé à mettre le social au coeur de son prochain mandat.
Sur le plan international, son nom reste associé au Traité de Lisbonne, âprement négocié et finalement signé sous présidence portugaise de l'Union européenne, au deuxième semestre 2007.