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"Bébés volés" en Argentine: procès historique

Maria Barragan a dû attendre 7 ans avant cette condamnation.
Maria Barragan a dû attendre 7 ans avant cette condamnation.
Décision historique en Argentine dans le drame des "bébés volés". Pour la 1ère fois, la justice a condamné les parents adoptifs d'une fillette enlevée durant la dictature argentine qui les poursuivait pour l'avoir illégalement adoptée.

Maria Eugenia Barragan, aujourd'hui âgée de 30 ans, attendait
depuis sept ans que la justice de son pays condamne ceux qui lui
ont volé sa vie pendant la dictature (1976-1983), en se faisant
passer pour ses "parents adoptifs".

500 bébés volés au total

Un tribunal de Buenos Aires a condamné pour "séquestration de
mineur" le couple de parents adoptifs: la femme écope de sept ans
de prison et son mari de huit. Un ancien militaire a de son côté
été condamné à 10 ans de prison après avoir été reconnu coupable
d'avoir confié Maria Eugenia Barragan à ce couple aujourd'hui
séparé. Les trois condamnés ont déjà annoncé leur intention de
faire appel.



La jeune femme a esquissé un sourire à l'issue de ce procès,
unique dans les annales judiciaires argentines, avant de gagner la
sortie sans faire de déclaration.



Comme 500 autres "bébés volés" pendant la dictature, elle est née
en prison. De sa mère, militante communiste, elle ne saura rien
pendant 23 ans. Jusqu'à ce jour de 2001 où un test ADN lui rend sa
véritable identité et fait de ses "parents adoptifs" des
"ravisseurs", aujourd'hui condamnés devant les tribunaux.

Un drame de la dictature

Arrêtées enceintes pendant la dictature, de nombreuses jeunes
femmes ont accouché en captivité avant de "disparaître", très
probablement exécutées. Les bébés étaient alors confiés à des
familles proches des militaires au pouvoir.



Ces drames ont déjà donné lieu à plusieurs procès en Argentine.
Mais c'était la première fois que l'enfant volé portait lui-même
plainte contre ceux qui l'ont élevé.



Un total de 88 d'entre eux, dont Maria Eugenia Barragan, ont
depuis retrouvé leur véritable identité grâce notamment au travail
des "mères de la place de Mai", qui s'efforcent de retrouver la
trace et l'identité des 500 "bébés volés" pendant la
dictature.



Quelque 30'000 personnes ont "disparu" pendant ces années noires,
selon le décompte des organisations de défense des droits
humains.



agences/cer

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Petit rappel historique

En mars 1976, Maria Estela Isabel Martínez de Perón est évincée de la présidence argentine par un coup d'Etat. Une junte militaire gouverna le pays jusqu'à fin 1983, durant ce que l'on appelle la "guerre sale".

Les services secrets argentins instituèrent une répression violente, nommée "Opération Condor", au cours de laquelle ils systématisèrent les arrestations, assassinats, tortures et enlèvements politiques. Les militaires prirent des mesures sévères contre ceux qu'ils considéraient comme des dissidents. Ces opposants appartenaient pour la plupart à la jeunesse militante de gauche. Entre 10'000 et 30'000 personnes auraient disparu entre 1973 et 1983.

Durant cette période, au moins 500 bébés et enfants nés dans des prisons clandestines ont été soustraits à leur famille naturelle et adoptés sous de faux noms par des militaires et ceux qui les appuyaient. La plupart de ces enfants sont toujours recherchés par leurs grands-parents. Le mouvement des "grand-mères de la place de Mai" s'est constitué en 1977 pour dénoncer les disparitions et les assassinats.

Source: wikipédia