Depuis sa création en 2005, le système communautaire d'échange de quotas d'émission (SCEQE) n'a cessé d'être critiqué. Il était en effet considéré jusqu'ici comme inefficace pour réduire le CO2. La raison était le prix trop faible payé par les entreprises pour acquérir des droits leur permettant d'émettre du carbone, en plus du quota alloué gratuitement.
Mais la réforme de ce système déploie désormais ses effets et le prix de la tonne de carbone a plus que triplé depuis le début de l'année dernière. De quoi inciter les entreprises à devenir plus vertes.
Le gaz plutôt que le charbon pour l'électricité
C'est le cas notamment de secteurs comme l'acier, le ciment ou les compagnies aériennes, relève David Czuprina jeudi dans La Matinale. Ce spécialiste de l'investissement durable chez Candriam cite aussi en exemple le secteur de l'électricité en Allemagne: "On voit que depuis le début de cette année la grande majorité des centrales au charbon ont réduit leur production. De plus en plus, les producteurs d'électricité préfèrent basculer du charbon vers le gaz qui émet moins de CO2 pour produire de l'électricité", explique-t-il.
Risques de délocalisation
Et le prix du carbone pourrait continuer à augmenter, mais l'équation est délicate pour l'Union européenne qui doit respecter l'Accord de Paris, tout en restant compétitive. Or certaines des entreprises qui émettent le plus de CO2, comme les aciéries par exemple, sont facilement exportables en dehors de l'UE.
"Il y a de grands aciéristes en Chine, en Inde, qui eux sont moins stricts sur le CO2", rappelle David Czuprina. "Donc, si le CO2 devient trop cher en Europe, le risque est que ces entreprises ne soient plus compétitives et donc basculent leur production vers d'autres pays."
Prix nettement plus bas en Suisse
Actuellement, les entreprises helvétiques bénéficient de prix beaucoup plus bas sur le marché suisse, avec un montant d'un peu plus de 7 francs la tonne. Mais le système doit être couplé à celui de l'Union européenne, en principe le 1er décembre 2020. Les entreprises pourront alors couvrir leurs émissions en utilisant les droits disponibles en Suisse mais aussi dans l'Union européenne.
Cléa Favre/oang