"Ce n'était pas vrai", a déclaré Davis Wells au Los Angeles
Times. "J'en ai parlé comme d'une déclaration stupide, mais la
réalité c'est que c'était un mensonge", a-t-il ajouté.
Les avocats de Roman Polanski s'étaient emparés des révélations du
procureur après la diffusion du documentaire sur la chaîne
américaine HBO, pour dénoncer "un ensemble de mauvais comportements
et de communications entre la Cour et le bureau du procureur, en
violation de l'égalité devant la loi et sans que l'accusé ni ses
avocats en aient eu connaissance".
Par ailleurs, un document tourné il y a plusieurs années après
l'affaire du viol a également refait surface sur YouTube il y a
peu. Entrecoupé d'un résumé de la déposition de Polanski, la
vidéo montre et interroge les
protagonistes de l'affaire. Interviewé, le cinéaste reconnaît qu'il
«aime bien les jeunes filles».
Histoire enjolivée
Davis Wells - qui n'était pas en charge de l'accusation dans
l'affaire Polanski - a affirmé au quotidien qu'il avait inventé
l'histoire parce qu'il pensait que le documentaire ne serait pas
diffusé aux Etats-Unis. Le juge de l'époque, Laurence Rittenband,
est décédé en 1993.
Roman Polanski, qui était considéré depuis 1978 comme un fugitif
par les Etats-Unis, a été arrêté en Suisse samedi, provoquant une
onde de choc dans les milieux politiques et culturels. Le bureau du
procureur de Los Angeles a affirmé qu'il allait demander son
extradition.
Les avocats de Roman Polanski s'étaient en partie appuyés sur les
révélations de David Wells pour demander à la justice, en décembre
2008, un abandon des poursuites à l'encontre du cinéaste,
considérant qu'il n'avait pas bénéficié en 1977 d'une procédure
pénale équitable.
"Faute professionnelle substantielle"
La requête avait été rejetée en mai dernier, en raison de
l'absence du réalisateur à l'audience. Le juge, Peter Espinoza,
avait cependant admis qu'il y avait eu, "apparemment, une faute
professionnelle substantielle" de la part du parquet quand
l'affaire avait éclaté.
David Wells a déclaré mercredi au Los Angeles Times qu'il avait
informé de son mensonge le bureau du procureur "il y a plusieurs
mois" et qu'il s'en était excusé. Il a ajouté que c'est
l'arrestation de Roman Polanski en Suisse samedi, à la demande de
la justice américaine, qui l'avait décidé à rendre public son
mensonge.
afp/cht
Frédéric
Mitterrand ne regrette rien
Le ministre français de Culture Frédéric Mitterrand, critiqué pour
son soutien appuyé à Roman Polanski, a estimé jeudi que ce dernier
avait droit à la "solidarité et sa compassion", tout en qualifiant
de "grave" les faits reprochés au cinéaste. Interrogé à propos de
certaines critiques à son propos, Frédéric Mitterrand a répliqué
avec vigueur: "c'est la place d'un ministre de la Culture de
défendre les artistes en France. Un point, c'est tout".
Les conditions de son arrestation en Suisse "pour un fait grave
que je n'excuse d'aucune manière et qui appelle des sanctions
-soyons bien clairs là-dessus (...) peuvent appeler à un certain
nombre de réserves pour ne pas dire plus", a-t-il souligné. "Etre
un grand réalisateur de cinéma ou une célébrité ne vous place pas
au dessus des lois mais ne vous place pas aussi en dessous des
lois", a encore dit Frédéric Mitterrand.
Polanski paie des impôts en Suisse
La presse alémanique revient une fois encore ce jeudi sur l'affaire Polanski. En effet, l'administration de Saanen a confirmé au Tages-Anzeiger et au Bund que Roman Polanski paie des impôts en Suisse.
En tant que propriétaire à Gstaad du chalet "Milky Way", le cinéaste s'acquitte depuis trois ans de la taxe foncière, soit 2392 francs et 60 centimes. Conclusion des deux quotidiens: en 2005, les Etats-Unis lancent un mandat d'arrêt international contre le réalisateur. Et quelques mois plus tard, Roman Polanski devient un contribuable suisse.
Une association de victimes appelle au boycott de Polanski
Une association de défense d'enfants victimes de violences sexuelles a appelé mercredi à boycotter les films de Roman Polanski, arrêté samedi en Suisse pour une ancienne affaire de moeurs.
L'association SNAP, qui se concentre habituellement sur les victimes d'abus sexuels perpétrés par des prêtres, estime que la défense du cinéaste, qui s'était enfui des Etats-Unis après avoir été condamné en 1977 pour "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans, encourage les crimes des prédateurs sexuels.
"Ces déclarations publiques de soutien intimident et enlèvent tout espoir aux adolescents actuellement victimes (de violences sexuelles), les condamnant au silence et permettant à leurs prédateurs de continuer à leur faire du mal", déclare l'association dans un communiqué.