Quelque 400 millions de bouteilles de prosecco ont été vendues l’an dernier dans le monde. Ce blanc effervescent est le vin italien le plus exporté, notamment en Suisse. Sa production explose depuis dix ans, avec de lourdes conséquences, selon des chercheurs de l’Université de Padoue: chaque bouteille produite détruirait 4 kilos de terre, dans cette région inscrite depuis le mois dernier au patrimoine mondial de l'Unesco.
Ne pas accuser tous les viticulteurs
L'importatrice de vins italiens Sara Cabrele relativise cependant et distingue surtout deux aires de production du prosecco avec deux appellations différentes. "Si on veut considérer les soucis de durabilité, il faut vraiment se focaliser sur le prosecco DOC (appellation d'origine contrôlée), c'est une aire de production énorme, qui n'est pas du tout durable", explique-t-elle vendredi dans la Matinale.
Pour cette spécialiste, il s'agit de préserver les producteurs historiques de prosecco DOCG (appellation d'origine contrôlée et garantie), une aire bien plus petite. "Là, il faut développer des solutions qui conjuguent l'importance commerciale pour le prosecco comme produit, la nécessité d'un producteur de faire du vin et la nécessité du même producteur de préserver les sols où il produit du vin", dit-elle.
Des pratiques erronées
Car ces sols sont de plus en plus dénudés, avec moins de matière organique (limon, sables, argile), et les terres deviennent improductives. Selon Dorothea Noll, professeure et chercheuse à l’école d’ingénieurs de Changins, cette situation est aussi liée aux pratiques culturales.
"En Italie, beaucoup de vignes cultivées en terrasses ont été modifiées pour avoir une plus grande densité de plantation", souligne-t-elle. "Et le fait de planter les vignes dans le sens de la pente va accentuer le risque d'érosion et donc de perte de terres." Or ces terres ne se régénèrent que lentement: entre 0,1 et 0,2 millimètre par an.
Pauline Rappaz/oang