En plein coeur de Hong Kong, le quartier de Central, celui des affaires et des boutiques, paraît plus calme qu'à l'ordinaire en cette mi-août. Deux mois après le début des manifestations, les magasins enregistrent une baisse de fréquentation.
"Ces quatre ou cinq dernières années, les Chinois en provenance du continent représentent plus de la moitié des acheteurs pour les produits du quotidien, mais aussi pour les produits de luxe à Hong Kong. Comme ils sont de moins en moins nombreux à venir, cela affectera sûrement le marché, y compris celui des montres", commente Harold Sun, le président de la Fédération horlogère de Hong Kong, interrogé par la RTS.
Au mois de juin, les exportations de montres suisses vers Hong Kong, l'un des principaux marchés de l'horlogerie, ont chuté de près de 30%.
Capitaux rapatriés
Du côté des investisseurs étrangers, la prudence se fait aussi sentir. Plusieurs ventes d'or et de métaux précieux ont été annulées ces dernières semaines. "Après les premiers affrontements, les médias étrangers ont commencé à couvrir la situation à Hong Kong et cela a poussé certains investisseurs à prendre des précautions. Ils ont commencé à rapatrier l'argent à Singapour ou ailleurs en Europe", relève Simon Littman, le directeur de Swiss Investors Corporation Limited.
Depuis le début de la mobilisation à Hong Kong, Carrie Lam, la cheffe pro-Pékin de l'exécutif hong-kongais, brandit la menace d'une crise économique pour appeler à un retour au calme. Aujourd'hui, les données seraient les pires enregistrées par la ville depuis 2003.
PIB en baisse
"Si la situation continue, la métropole hong-kongaise sera fragilisée et, vous savez, les capitaux suivent l'opinion publique", analyse Hon Christopher Cheung Wah Tung. "J'espère que la situation sera résolue rapidement parce que tant que Hong Kong continuera à vivre de tels débordements, les investisseurs perdront confiance", explique-t-il.
Déjà fragilisée par la guerre commerciale que se livre la Chine et les Etats-Unis, l'ex-colonie britannique a enregistré au deuxième trimestre une chute de 0,5% de son PIB par rapport à l'an dernier. Si la crise s'enlise, le statut de Hong Kong en tant que centre financier international pourrait être remis en question.
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Antoine Vedeilhé (à Hong Kong)/jgal