Dans un discours solennel au Sénat, Giuseppe Conte a tancé son ministre de l'Intérieur, estimant qu'il n'a fait que "poursuivre ses propres intérêts et ceux de son parti" en cherchant à capitaliser sur des sondages qui les créditaient d'une ample majorité au parlement, dans le sillage de leur score record aux Européennes (34%).
"Faire voter les citoyens est l'essence de la démocratie mais leur demander de voter tous les ans est irresponsable", a lancé Giuseppe Conte. "Le pays a un besoin urgent que soient adoptées des mesures pour favoriser la croissance économique et les investissements".
Pas de dirigeants avec "les pleins pouvoirs"
"J'interromps ici cette expérience de gouvernement. J'entends conclure ce passage institutionnel de façon cohérente. J'irai voir le président de la République pour lui présenter ma démission", a déclaré Giueseppe Conte, en soulignant qu'auparavant il écouterait le débat prévu pour durer 3H45.
Dans son discours à charge contre Matteo Salvini, Giueseppe Conte a accusé le vice-Premier ministre d'avoir fait "courir de graves risques à notre pays" et évoqué le danger d'une spirale économique négative pour la troisième économie de la zone euro.
Il a aussi tancé le chef de la Ligue pour son "manque de respect des règles et des institutions", lui reprochant aussi d'avoir réclamé des élections au plus vite afin d'obtenir "les pleins pouvoirs".
"Cette attitude me préoccupe"
"Cher ministre de l'Intérieur, je t'ai entendu demander les +pleins pouvoirs+ et appeler (tes partisans) à descendre dans la rue pour te soutenir; cette attitude me préoccupe", a ajouté Giuseppe Conte.
"Nous n'avons pas besoin des pleins pouvoirs mais de dirigeants ayant le sens des institutions", a-t-il encore déclaré.
afp/ther
Matteo Salvini accuse
Dans sa réplique, Matteo Salvini, invoquant "la protection du coeur immaculé de Marie", a assuré qu'il "referait exactement la même chose" et s'en est pris à ses ex-alliés du M5S. Si ce gouvernement s'interrompt, c'est à cause de ces messieurs qui disent toujours non et bloquent tout", a-t-il dit, accusant les autres parlementaires aussi d'"avoir peur du jugement du peuple" et de retourner au vote.