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Frédéric Mitterrand devrait sauver sa tête

Le ministre de la culture est apparu ému lors de son passage sur TF1.
Le ministre de la culture est apparu ému lors de son passage sur TF1.
Le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand, au coeur de la polémique, semblait avoir sauvé sa tête vendredi, après s'être défendu la veille au JT de TF1 de toute "apologie" du tourisme sexuel et de la pédophilie. Son intervention a suscité de nombreuses réactions.

Les avis étaient partagés vendredi, au lendemain des
explications de Frédéric Mitterrand et de sa condamnation du
tourisme sexuel. Si le gouvernement faisait bloc, le Parti
socialiste avertissait des conséquences sur le long terme de la
polémique. Le Front national, lui, continuait de demander sa
démission.

Soutien du gouvernement

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a trouvé Frédéric
Mitterrand "très émouvant", et a mis en garde contre "la
manipulation politique et un certain nombre d'amalgames". "Cet
écrit est considéré comme une confession. Ce qui me gêne, c'est que
cela (la prostitution, NDLR) existe, que c'est une réalité",
a-t-elle toutefois affirmé sur BFM-TV.



La garde de Sceaux a estimé qu'il fallait "éviter la réaction trop
immédiate, le sensationnel et il faut permettre aussi à chaque
homme et à chaque femme (...) d'avoir fait des fautes de s'en
repentir et de pouvoir avoir toujours une deuxième chance".

Le PS prend acte

Le porte-parole du PS Benoît Hamon, qui s'était déclaré "choqué"
par les passages du livre de Frédéric Mitterrand "La mauvaise vie"
évoquant le tourisme sexuel, a pris "acte" vendredi de
l'explication du ministre de la Culture, dont les déclarations ont
été, selon lui, "extrêmement claires". Benoît Hamon a toutefois
répété sur RTL son "émotion" face au tourisme sexuel qu'il dénonce
au nom de "l'égalité des droits".

Le porte-parole du PS a
également prédit que cette affaire "laissera des traces", et a
maintenu "que c'était au président de la République de s'exprimer,
de dire ce qui est grave et ce qui ne l'est pas".



Seule Marine Le Pen, No2 du Front national, a estimé que Frédéric
Mitterrand "peut rester écrivain, il peut rester un auteur, mais il
ne peut pas rester ministre, parce qu'il y a une morale
d'Etat".



"Ce qu'on lui reproche, c'est qu'il a transféré sa morale privée
sur la morale d'Etat: c'est parce qu'il a eu la vie qu'il a eue,
c'est parce qu'il a fait ce qu'il a fait, que le ministre de la
Culture est venu défendre Roman Polanski qui, lui, est un pédophile
avéré. Et ça c'est proprement inacceptable", a-t-elle déclaré sur
le site Internet du FN.

Tourisme sexuel dénoncé

Cette affaire
laissera des traces

Benoît
Hamon

Contraint de s'expliquer après des
appels à la démission venus de l'extrême droite puis d'une partie
de la gauche, Frédéric Mitterrand a affirmé jeudi soir à la
télévision que son livre n'était "en aucun cas une apologie du
tourisme sexuel" ni "de la pédophilie". Il a soutenu que son
ouvrage, "La mauvaise vie", au centre du scandale, n'était "pas un
récit totalement autobiographique".



Dans un des chapitres de cet ouvrage, paru en 2005 sans avoir
suscité la moindre controverse, le narrateur relate des expériences
sexuelles avec des "garçons" prostitués en Thaïlande. "Je condamne
le tourisme sexuel qui est une honte, je condamne la pédophilie à
laquelle je n'ai jamais participé d'aucune manière", a-t-il
affirmé, déclarant qu'il n'avait "jamais" envisagé de démissionner
et qu'il conservait "la confiance" du président.



agences/os

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Un livre paru en 2005

Le livre en cause dans cette polémique, "La Mauvaise vie", un "roman d'inspiration autobiographique", est paru en 2005 et avait alors reçu un accueil chaleureux de la critique, sans susciter de polémique.

Frédéric Mitterrand, homosexuel déclaré, y relate à la première personne des épisodes de tourisme sexuel en Asie.

Il avait par ailleurs admis au moment de la parution de l'ouvrage avoir lui-même eu ce type d'expérience avec des "garçons" en Asie, en semblant écarter l'implication de mineurs.

La presse est partagée

Les journeaux français soulignaient vendredi dans leur ensemble la "sincérité" d'un homme de culture et de télévision de 62 ans venu "défendre (son) honneur", mais restaient partagés quant au fond de l'affaire.

Le quotidien catholique La Croix rappelle que la question n'est pas celle de l'homosexualité revendiquée du ministre mais bien "de savoir s'il a eu des relations avec des mineurs", ce que l'intéressé a nié.

Mais "si l'on enquête sur la vie privée du ministre", prévient le journal de gauche Libération, "il faudra alors fouiller dans celle de tous les autres responsables politiques", au risque de bâtir une "société de l'inquisition".

Au contraire, se félicite le quotidien régional Le Télégramme (ouest), "un tabou a été brisé dans la politique française où le respect de la vie privée fut longtemps le cache-sexe de la protection des élites et d'une certaine complaisance des journalistes accrédités".

Or c'est précisément cette "impunité" supposée des élites politico-culturelles en France qui avait déclenché les premières attaques du Front national (extrême droite) contre le ministre.