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Syrien condamné en Allemagne pour un meurtre qui avait déclenché des émeutes

Des officiers de justice mènent l'accusé dans une salle d'audience pour le verdict [EPA - Filip Singer]
Des officiers de justice mènent l'accusé dans une salle d'audience pour le verdict du procès. / Le Journal horaire / 28 sec. / le 22 août 2019
La justice allemande a condamné jeudi à neuf ans et demi de prison un Syrien de 24 ans accusé d'avoir poignardé à mort un homme l'an dernier à Chemnitz. Ce meurtre avait déclenché des violences xénophobes.

Le jeune homme a été reconnu coupable de meurtre et de blessure grave par le tribunal de Dresde. L'accusé, qui a toujours clamé son innocence, était soupçonné d'avoir poignardé à mort un Allemand de 35 ans en compagnie d'un ressortissant irakien toujours en fuite et d'avoir grièvement blessé un autre homme lors d'un festival urbain.

La défense a annoncé faire appel

Le parquet avait requis dix ans d'emprisonnement contre le Syrien, même si les preuves à son encontre étaient ténues: aucune trace de son ADN n'a été retrouvée ni sur le couteau, ni sur la victime. Le principal témoin du meurtre, un employé libanais d'un snack de kebabs, a en outre multiplié les versions contradictoires.

"Il n'y a aucun doute sur la culpabilité de l'accusé", a expliqué la présidente du tribunal. La défense, elle, avait plaidé l'acquittement faute de preuve. Les avocats du prévenu, qui avaient mis en garde durant le procès contre la tentation de prononcer une condamnation pour "apaiser Chemnitz" et éviter de nouveaux incidents, ont annoncé faire appel du jugement.

>> Lire : Procès sous tension d'un réfugié syrien accusé de meurtre en Allemagne

"Chasses collectives"

L'accusé était arrivé en Allemagne en 2015, comme des centaines de milliers d'autres demandeurs d'asile lorsque la chancelière Angela Merkel avait refusé de fermer les frontières de son pays.

Quelques heures après l'homicide, un millier de hooligans et de néo-nazis s'étaient rassemblés à Chemnitz, ville moyenne de l'ex-RDA, une manifestation émaillée de violences xénophobes. Angela Merkel avait à l'époque dénoncé "la haine" et les "chasses collectives" contre des étrangers.

>> Lire : Heurts en marge des défilés pro- et anti-migrants à Chemnitz en Allemagne

ats/asch

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Élections en Saxe

Ce jugement intervient à quelques jours du premier anniversaire du début de ces graves échauffourées et à dix jours d'élections régionales en Saxe, la région de Chemnitz, et dans le Land voisin du Brandebourg, autour de Berlin.

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui siège depuis deux ans au Bundestag, pourrait y réaliser les meilleures performances de sa jeune histoire le 1er septembre.

Les mouvements extrémistes restent particulièrement bien implantés en Saxe. C'est au même tribunal de Dresde qu'avaient été condamnés les néo-nazis du groupe "Freital" pour avoir attaqué des foyers de réfugiés en 2015.