Selon Paris, la venue du chef de la diplomatie iranienne s'est décidée après le premier dîner entre dirigeants du G7 samedi soir. Déjà reçu par Emmanuel Macron vendredi à Paris pour apporter des propositions iraniennes, Mohammad Javad Zarif doit maintenant les affiner. "Il est important de faire le point avec lui pour continuer de converger, définir les conditions auxquelles nous pouvons avoir une désescalade des tensions et une pause qui permet de négocier utilement", a déclaré l'Elysée dimanche.
A son arrivée, le chef de la diplomatie de la République islamique a rencontré son homologue français Jean-Yves Le Drian. En revanche, aucune rencontre n'était prévue avec Donald Trump, ni aucun autre membre de la délégation américaine. La délégation française a précisé agir sur ses "propres bases" mais aussi "en toute transparence" avec Washington et ses partenaires européennes.
Nucléaire iranien: valse-hésitation
Le président français essaie de convaincre Washington d'alléger les sanctions sur le pétrole iranien en échange d'un retour de Téhéran à ses engagements. Dans la matinée, il avait cru pouvoir annoncer l'accord de tous les membres du G7 - Donald Trump compris - pour parler à l'Iran d'une même voix.
"Nous nous sommes mis d'accord sur ce qu'on va dire sur l'Iran. Il y a un message du G7 sur nos objectifs, et le fait qu'on les partage évite les divisions", avait assuré Emmanuel Macron sur la chaîne de télévision LCI. Mais deux heures plus tard, Donald Trump jetait un pavé dans la mare en lançant un lapidaire "Je n'ai pas discuté de cela".
Pas de détente avec la Chine
Le président américain a aussi jeté un froid au sujet de sa politique de taxation commerciale agressive. Il a exclu toute désescalade dans sa guerre économique avec la Chine, malgré les appels pressants des autres membres du G7. "Il regrette juste de ne pas avoir encore plus relevé les droits de douane", a même ironisé sa porte-parole Stephanie Grisham. Le président avait pourtant semblé regretter être allé aussi loin dans de premières déclarations.
Sur un autre sujet qui fâche, le Brexit, Donald Trump a épaulé ostensiblement le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson dans le bras de fer qui l'oppose aux Européens. "C'est l'homme qu'il faut pour faire le travail", a-t-il lancé lors de leur première rencontre dimanche, autour d'un déjeuner, lui promettant un "très grand accord commercial" dès que Londres aura quitté l'UE.
>> Plus de détails dans notre article : Donald Trump loue les compétence de Boris Johnson lors du sommet du G7
Emmanuel Macron, Donald Trump et Boris Johnson ont aussi débattu dimanche avec Angela Merkel, Shinzo Abe, Giuseppe Conte et Justin Trudeau de l'état de l'économie mondiale et des moyens de la relancer. Cette dernière montre des signes inquiétants d'essoufflement en Allemagne, en Chine et aux Etats-Unis.
"Président de la République des pollueurs"
Après être arrivés samedi sous le soleil, les dirigeants ont continué dimanche à profiter d'une vue imprenable sur l'Atlantique, loin de toute foule estivale, une partie de Biarritz ayant été évacuée. A quelques dizaines de kilomètres, les opposants au G7 n'entendent pas désarmer après avoir tenu un contre-sommet et un rassemblement en fin de semaine.
Plusieurs centaines de manifestants ont participé dimanche à Bayonne à "une marche des portraits" d'Emmanuel Macron qui ont été décrochés dans les mairies, le qualifiant de "président de la République des pollueurs".
Agences/vic
L'Iran pose ses conditions
L'Iran veut pouvoir exporter au minimum 700'000 barils de pétrole par jour et idéalement jusqu'à 1,5 million si l'Occident veut pouvoir négocier et sauver l'accord de juillet 2015 sur l'encadrement de son programme nucléaire, ont déclaré dimanche deux responsable
iraniens et un diplomate.
Un deuxième responsable a déclaré, lui, que "le programme de missiles balistiques de l'Iran ne peut pas et ne sera pas négocié. Nous l'avons souligné clairement et ouvertement". En échange, l'Iran a garanti qu'il s'en tiendra pleinement à l'accord nucléaire de 2015.