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Affaire Clearstream: Dominique de Villepin relaxé

Dominique de Villepin veut "tourner la page" et "servir les Français".
Dominique de Villepin veut "tourner la page" et "servir les Français".
Dominique de Villepin a été relaxé jeudi par le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire Clearstream. Les juges ont estimé qu'il n'avait acquis une certitude sur la fausseté des listings transmis à la justice qu'en octobre 2004, soit postérieurement au dernier envoi.

Dominique de Villepin a été reconnu non-coupable de l'ensemble
des chefs de poursuite, à savoir "complicité de dénonciation
calomnieuse", "complicité d'usage de faux", "recel d'abus de
confiance et recel de vol".



Le procureur de la République de Paris avait requis 18 mois
d'emprisonnement avec sursis et 45'000 euros d'amende à l'encontre
de l'ancien Premier ministre. Il lui reprochait d'avoir fait preuve
d'une "abstention volontaire" dans l'affaire Clearstream en la
laissant se développer, alors qu'il avait connaissance de la
fausseté des listings transmis à la justice (lire
ci-contre)
.

Villepin "soulagé", Sarkozy "prend acte"

Dominique de Villepin a déclaré vouloir "tourner la page" et
"servir les Français", en quittant le tribunal. "J'ai été blessé
par l'image que l'on a voulu donner de la politique, de
l'engagement qui a été le mien pendant 30 ans, et c'est vers
l'avenir que je veux me tourner pour servir les Français et
contribuer, dans un esprit de rassemblement, au redressement de la
France", a déclaré Dominique de Villepin. "Je suis fier d'être le
citoyen d'un pays, la France, où l'esprit d'indépendance reste
vivant. Je n'ai aucune rancoeur, aucune rancune. Je veux tourner la
page", a-t-il également dit.



De son côté, Nicolas Sarkozy "prend acte" du jugement du tribunal
correctionnel de Paris et ne fera pas appel, a annoncé jeudi
l'Elysée dans un communiqué. Comme le président de la République
n'est que partie civile, un appel de sa part ne permettrait pas de
rejuger les prévenus sur le fond, mais uniquement sur les intérêts
civils. Il faudra un appel du parquet pour que la totalité du
dossier soit examinée par une cour d'appel.

Gergorin et Lahoud condamnés

Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président d'EADS, a été
condamné lui à trois ans d'emprisonnement, dont 21 mois avec
sursis, et 40'000 euros d'amende pour dénonciation calomnieuse,
recel d'abus de confiance et usage de faux.



Le tribunal n'a pas retenu le délit de "faux", jugeant qu'il ne
pouvait pas être prouvé que Jean-Louis Gergorin avait
personnellement falsifié les fichiers. Le ministère public avait
requis 36 mois d'emprisonnement, dont 18 assortis du sursis simple,
et 45'000 euros d'amende.



Imad Lahoud a été condamné à trois ans d'emprisonnement, dont 18
mois avec sursis, et 40'000 euros d'amende pour son rôle de
falsificateur des listings dans l'affaire Clearstream. Il a été
reconnu coupable de complicité de dénonciation calomnieuse par aide
ou assistance, faux, usage de faux et recel d'abus de confiance. Le
ministère public avait requis 24 mois de prison, dont six avec
sursis, et 45'000 euros d'amende à son encontre. Le journaliste
Denis Robert, quant à lui, est relaxé.



ap/sbo

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Rappel des faits

L'ancien Premier ministre, l'une des cinq personnes inculpées dans cette affaire, était soupçonné d'avoir participé en 2004 à une manipulation pour discréditer Nicolas Sarkozy, alors ministre et son rival à droite dans la course à la présidentielle de 2007.

Des listings bancaires provenant de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream avaient été falsifiés et transmis à la justice pour faire croire que certaines personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes et avaient perçu des pots-de-vins dans une vente d'armements.

L'avocat du président français, Me Thierry Herzog, a prêté à Dominique de Villepin le rôle d'instigateur de cette machination. Le parquet ne l'avait quant à lui estimé coupable que d'avoir fermé les yeux alors qu'il savait que les listings étaient faux.