"Le tribunal n'a pas tiré toutes les conséquences de ce qu'il a
entendu et il reste encore une part de vérité à faire émerger. Tout
n'a pas été dit dans cette affaire", a déclaré le procureur à la
radio Europe 1. "De manière un peu surprenante (...), il ne
condamne pas Dominique de Villepin", a-t-il ajouté. "J'ai décidé
d'interjeter appel de cette décision", a-t-il encore dit.
Dominique de Villepin a été relaxé jeudi dans cette affaire
Clearstream, une vaste machination politique qui aurait eu pour but
de discréditer Nicolas Sarkozy, dans la course à la présidence
française, avant son élection en 2007.
Sarkozy s'était pourtant dit satisfait
Peu après le jugement, une défaite personnelle pour Nicolas
Sarkozy dont l'avocat siégeait au banc des victimes dans ce procès,
le président français avait "pris acte" de la relaxe de son rival
et indiqué dans un communiqué qu'il ne ferait pas appel.
Régissant à l'annonce d'un appel du parquet -- qui est en France
sous l'autorité du ministre de la Justice -- Dominique de Villepin
a dénoncé une "décision de nature politique" montrant qu'"un homme,
le président de la République Nicolas Sarkozy" a choisi de
"persévérer dans son acharnement, dans sa haine".
De Villepin réagit
Dominique de Villepin a immédiatement réagi en dénonçant "une
décision politique", fruit de "l'acharnement" de Nicolas Sarkozy.
"La décision est une décision de nature politique et ce qu'elle
montre (...), c'est qu'un homme, Nicolas Sarkozy, le président de
la République, préfère persévérer dans son acharnement, dans sa
haine, plutôt que d'assumer la responsabilité de sa fonction,
c'est-à-dire de défendre les institutions", a commenté l'ex-Premier
ministre sur RMC-Info/BFM-TV. Or, "il est le garant de la
magistrature, il est le garant de la justice française", a-t-il
observé.
"Il y a un double discours de l'Elysée. Cet appel est incohérent",
a réagi Me Olivier Metzner, avocat de Dominique de Villepin, en
qualifiant le jugement rendu jeudi de "remarquable". "Hier, le
président disait qu'il ne faisait pas appel du jugement alors qu'il
pouvait et ce matin, le procureur de Paris, qui est en relation
directe avec le ministère de la Justice et l'Elysée, prend la
décision de faire appel", a-t-il dénoncé.
afp/ap/cht
Rappel des faits
L'affaire Clearstream avait débuté en 2004, quand des listings bancaires provenant de la chambre de compensation luxembourgeoise avaient été falsifiés et transmis à la justice pour faire croire que certaines personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes et avaient perçu des pots-de-vins dans une vente d'armements.
Pendant le procès, l'avocat du président avait prêté à M. de Villepin le rôle d'instigateur de cette machination. Le parquet ne l'avait quant à lui estimé coupable que d'avoir fermé les yeux alors qu'il savait que les listings étaient faux.
Il avait requis contre l'ancien Premier ministre 18 mois de prison avec sursis et 45'000 euros d'amende.
Mais le procès n'a pas permis de faire émerger une indiscutable vérité dans ce nébuleux dossier et jeudi, le tribunal a affirmé qu'il n'était pas démontré que Dominique de Villepin "ait eu connaissance de la fausseté des listings".
"Le tribunal a innocenté Dominique de Villepin, la justice ne l'a pas encore fait", a estimé vendredi le procureur Marin.