Salvatore Russo, 51 ans, chef du clan portant son nom, condamné
à la prison à vie pour homicide et association mafieuse, était en
fuite depuis 1995. Son clan contrôlait "totalement les activités
illicites d'un vaste territoire" comprenant une quarantaine de
communes dans la région de Naples, a précisé la même source dans un
communiqué.
La police napolitaine l'a arrêté peu après 7h00, alors qu'il
venait de rentrer de la chasse, ont précisé les enquêteurs au cours
d'une conférence de presse à Naples. Russo avait aménagé une petite
cachette dans une ferme d'élevage de poulets et de lapins à Somma
Vesuviana, dans les environs de Naples.
En possession d'un arsenal conséquent
Quand les agents ont fait irruption, la ferme semblait vide.
Mais ils ont retrouvé le fugitif après avoir défoncé un mur épais
qui avait attiré leur attention en raison de la différence entre le
périmètre de la cuisine et celui du mur extérieur. Russo avait avec
lui un fusil-mitrailleur Uzi, un pistolet Beretta et un fusil de
chasse.
Au cours de la perquisition
dans la ferme, ont été retrouvés un autre pistolet et des documents
relatifs à la gestion de l'organisation. Le chef de clan n'a pas
émis un mot lors de son arrestation, mais à sa sortie de la
préfecture pour être transféré en prison, il a décoché un coup de
pied à un journaliste.
Son frère, Pasquale Russo, 62 ans, également en fuite depuis 1995,
et accusé notamment d'association de type mafieux, d'homicide et de
dissimulation de cadavres, n'a pas été retrouvé.
Les frères Russo avaient ré-organisé toute la structure de la
Camorra depuis le début des années 1990, après que le "boss" de la
région Carmine Alfieri se fut repenti, et "exerçaient une hégémonie
absolue sur leur territoire", selon les autorités.
Récupération politique
L'arrestation du chef mafieux a été saluée par plusieurs
ministres, les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et de
la Région. "Ce coup porté aujourd'hui à la Camorra est extrêmement
dur", s'est félicité le ministre de la Jutice, Angelino Alfano,
tandis que son collègue de l'Intérieur, Roberto Maroni, se
réjouissait du "succès extraordinaire (du gouvernement et des
forces de police) contre la mafia et la Camorra".
Le gouverneur de la région, Antonio Bassolino, y a vu "un message
de confiance et d'espérance pour tous les citoyens, en particulier
ceux qui vivent dans les territoires les plus difficiles".
Nébuleuse de plusieurs dizaines de familles souvent rivales et
plus ou moins affiliées à des clans, la Camorra, issue de la région
de Naples, compterait quelque 5000 membres.
afp/jeh
Une vidéo qui fait mouche
L'auteur présumé d'un meurtre, dont les images avaient été diffusées à la télévision et sur internet par les carabiniers de Naples, dans le sud de l'Italie, a pu être identifié grâce à un témoignage, ont annoncé samedi les autorités judiciaires.
Les carabiniers avaient lancé jeudi un appel à témoins en diffusant les images d'une caméra de surveillance montrant un homme tué devant un bistrot de cette ville.
Cette vidéo, diffusée en boucle sur les chaînes italiennes et sur internet, montrait un homme vêtu d'un blouson et d'une casquette tirer froidement à deux reprises sur sa victime avant s'en aller tranquillement.
Le meurtrier présumé est un repris de justice d'une trentaine d'années originaire des quartiers de la banlieue nord de Naples.
Il a été identifié après qu'une "source confidentielle" a appelé les services de police. Il aurait quitté Naples récemment.
La victime était un "boss" de la camorra, Marino Bacioterracino, 43 ans, personnalité de la criminalité organisée du quartier Sanità à Naples.
Les enquêteurs privilégient la piste d'un règlement de comptes interne à la Camorra mais n'excluent pas d'autres hypothèses, comme celles d'un conflit né d'une relation présumée de la victime avec la femme d'un détenu.
En revanche, un troisième homme qui figurait sur la vidéo où on le voyait attendre devant le bar et que certains avaient pris pour un complice, a fait savoir qu'il n'avait rien à voir avec cette affaire.
"J'attendais ma fille pour aller faire des courses. J'ai été prévenu par des parents qui résident en Allemagne et m'ont vu sur la vidéo", a déclaré à la presse cet employé communal de 39 ans, qui a pris un avocat et réfléchit aux éventuelles suites à donner à cette affaire.