Modifié

Face aux intempéries, les évacuations révèlent les inégalités sociales

Les inégalités sociales se creusent dans les procédures d'évacuation. [Keystone - Curtis Compton]
Face aux ouragans, les inégalités sociales se creusent lors des évacuations / La Matinale / 1 min. / le 3 septembre 2019
Depuis le passage dévastateur de l'ouragan Katrina aux Etats-Unis en 2005, les autorités américaines donnent plus rapidement l'ordre d'évacuer. Dans cette procédure, toute la population ne bénéficie pas du même traitement.

Dorian a déjà touché les Bahamas lundi, faisant au moins cinq morts. Aux Etats-Unis, plusieurs millions de personnes en Floride, en Géorgie et en Caroline du Sud ont reçu l'ordre d'évacuer les côtes, alors que l'ouragan rétrogradé mardi en catégorie 3 (sur 5) s'approche à une vitesse exceptionnellement lente, causant encore des dégâts dans l'archipel des Caraïbes.

>> Lire aussi : Dorian fait cinq victimes aux Bahamas, évacuations aux Etats-Unis

Dans les procédures d'évacuation, les inégalités sociales au sein de la population se creusent. "Aux Etats-Unis, on s'appuie beaucoup sur la liberté de chacun de prendre sa voiture pour fuir", explique la climatologue Martine Rebetez (Unine). "En Suisse, on aurait une organisation beaucoup plus mutuelle, on gérerait les départs en veillant aux personnes les plus vulnérables, y compris celles qui n'ont pas de voitures. Katrina a montré les limites du système à l'américaine."

Manque de moyens et méfiance de la population

Aux Etats-Unis, plusieurs études basées sur des sondages post-Katrina ont souligné les différences de traitement et de ressenti entre communautés et classes sociales devant la catastrophe.

Certains travaux ont par exemple montré que les Afro-américains habitant La Nouvelle-Orléans ont eu plus de risques de perdre leur travail suite au passage de l'ouragan, changeant le visage d'une ville qui a perdu en tout plus de 100'000 habitants.

Les plus défavorisés ont eu moins tendance à évacuer, soit parce qu'ils ne croyaient pas à l'intensité de l'ouragan annoncée par des autorités dont ils se méfient, soit parce qu'ils n'ont tout simplement pas eu les moyens de partir. L'Etat de Louisiane avait donné l'alerte trop tard: 19 heures seulement avant l'arrivée de Katrina, en catégorie 5.

Natacha Van Cutsem/ani

Publié Modifié