"Les preuves sont accablantes", a affirmé devant la presse le président du Groupe d'experts internationaux et régionaux (GEE) sur le Yémen, Kamel Jendoubi. Les parties mais aussi la communauté internationale partagent un "échec collectif".
Lancé en 2017 par le Conseil des droits de l'homme, le GEE met notamment en cause le gouvernement yéménite et la coalition, menée par l'Arabie saoudite, qui le soutient face aux Houthis. Dans les conclusions de son second rapport qui portent jusqu'à juin dernier, il mentionne des "bonnes raisons" de penser que ces acteurs ont perpétré des attaques et des bombardements indiscriminés. Une liste d'individus responsables a été transmise à la Haute commissaire aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet.
Pire situation humanitaire au monde
La coalition aurait aussi été à l'origine de détentions arbitraires, de disparitions forcées, de viols, de torture et d'autres abus en violation du droit international. Des campagnes systématiques d'assassinats ciblés contre des opposants ont aussi été menées. De leur côté, les rebelles, qui contrôlent le nord du pays, se voient reprocher un certain nombre de ces mêmes crimes auxquels s'ajoutent aussi des enlèvements.
Les experts dénoncent aussi les raids contre les infrastructures qui détériorent encore une situation humanitaire considérée comme la pire au monde par l'ONU. Ils sont inquiets par la probable volonté des parties de provoquer une famine. Environ 25 millions de Yéménites ont besoin d'une assistance humanitaire.
Aucun mécanisme judiciaire recommandé
Ils demandent aussi aux acteurs de mettre un terme aux violations du droit international. Et d'appeler les pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la France à ne plus vendre d'armes qui pourraient être utilisées dans le conflit. La Suisse affirme elle ne plus exporter en Arabie saoudite du matériel qui pourrait être utilisé au Yémen.
En revanche, le groupe d'experts ne recommande pas le type de mécanisme qui devrait être saisi pour punir ces atrocités. Parmi tous les scénarios, aucun ne semble faisable actuellement. Le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait saisir la Cour pénale internationale (CPI), mais aucun "accord suffisant" entre ses membres n'est observé.
ats/ani