Le texte controversé visait à autoriser les extraditions de suspects vers la Chine. Suspendu dès les premières manifestations, les autorités hongkongaises refusaient de le retirer, attisant la colère d'une grande partie de la population.
Malgré tout, ce retrait reste une concession plutôt symbolique, parce que ce projet de loi avait déjà été déclaré mort par la dirigeante en juillet dernier, après le défilé de près de deux millions de personnes à Hong Kong.
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Carrie Lam avait promis de laisser le texte mourir de lui-même, en juillet 2020, date d'expiration du projet. Cette simple suspension du texte avait suscité l'incompréhension de la rue: pourquoi ne pas le retirer purement et simplement? Selon plusieurs sources contactées au fil de cette crise, Pékin bloquait toute concession face au peuple, craignant d'envoyer un mauvais signal.
Un retrait qui reste un moindre mal
Ce retrait, loin de constituer un aveu de faiblesse pour les autorités, est plutôt un moindre mal. En effet, l'image du gouvernement locale est ternie. Ces derniers jours, un enregistrement clandestin de Carrie Lam a été transmis à l'agence Reuters: on y entend la dirigeante se plaindre de son impuissance, prise en étau entre les demandes du peuple hongkongais et Pékin.
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Cette annonce permet, dans une certaine mesure, de renforcer, un peu, sa crédibilité. Une manière aussi de montrer qu'elle peut encore décider, même si beaucoup soupçonnent l’implication de Pékin dans cette nouvelle stratégie. Quoi qu'il en soit, Carrie Lam a tenu à le souligner: "il s'agit d'un acte de bonne foi, visant à poser les bases d’un dialogue avec la population".
Trop tard selon les opposants
Cette annonce arrive trop tard, estime-t-on sur les messageries utilisées par les manifestants. Beaucoup promettent de continuer leur combat, car au fil des semaines, les demandes se sont élargies. Une grande partie des Hongkongais réclament des réformes démocratiques.
Empêtrés dans cette crise, les autorités locales et Pékin ont sévi ces derniers jour, notamment par une réponse musclée des forces de l'ordre, les arrestations de plusieurs figures pro-démocratique.
Dans ce contexte, ce retrait du projet de loi peut aussi être vu comme une tentative de diviser le mouvement, en contentant les plus modérés pour isoler les radicaux. Reste à voir si la stratégie porte ses fruits.
Michael Peuker/ebz