Modifié

L'Italie condamnée pour des crucifix dans les écoles

Crucifix dans une classe de Gossau, dans le canton de Saint-Gall, en 2008.
Les crucifix ne sont pas les bienvenus dans les écoles italiennes.
La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné mardi l'Italie pour la présence de crucifix dans les salles de classe. Cette habitude a été jugée contraire au droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion.

La requérante, Solie Lautsi, ressortissante italienne, réside à
Abano Terme. Ses enfants, Dataico et Sami Albertin, âgés
respectivement de onze et treize ans, fréquentèrent en 2001-2002
l'école publique à Abano Terme où toutes les salles de classe
avaient un crucifix au mur.



La requérante estimait la présence de ces crucifix contraire au
principe de laïcité et informa l'école de sa position, invoquant un
arrêt de la cour de cassation qui avait jugé la présence de
crucifix dans les bureaux de vote contraire au principe de laïcité
de l'Etat.



En mai 2002, la direction de l'école décida de laisser les
crucifix dans les salles de classe. Une directive recommandant de
procéder ainsi fut ultérieurement adressée à tous les directeurs
d'écoles par le ministère de l'Instruction publique.

Symbole de l'Etat

Devant la Cour constitutionnelle, le gouvernement soutient que
cette présence était naturelle, le crucifix n'étant pas seulement
un symbole religieux mais aussi, en tant que "drapeau" de la seule
église nommée dans la constitution, un symbole de l'Etat
italien.



La procédure devant le tribunal administratif reprit le 17 mars
2005, celui-ci rejetant le recours de la requérante, jugeant le
crucifix comme "à la fois le symbole de l'histoire et de la culture
italienne et par conséquent de l'identité italienne". Par un arrêt
du 13 février 2006, le Conseil d'Etat rejeta le pourvoi de la
requérante au motif que la croix était devenue une des valeurs
laïques de la Constitution italienne et représentait les valeurs de
la vie civile.



Les juges de Strasbourg ont en revanche estimé que la croix peut
aisément être interprétée par des élèves de tous âges comme un
signe religieux, signe qui peut être perturbant pour des élèves
d'autres religions ou athées.



La Cour a conclu à l'unanimité à la violation de l'article 2 du
protocole 1 (droit à l'instruction) conjointement avec l'article 9
de la convention (liberté de pensée, de conscience et de religion).
La Cour de Strasbourg a alloué 5000 euros à la requérante pour
dommage moral. Elle n'a toutefois pas ordonné aux autorités
italiennes de retirer les crucifix des salles de classe.



agences/lan

Publié Modifié

Rome s'insurge

"Le gouvernement, bien entendu, présentera un recours", a

déclaré mardi le ministère italien des Affaires étrangères après la condamnation de la Cour européenne des droits de l'Homme sur la présence de crucifix dans les salles de classe italiennes.

La ministre italienne de l'Education s'est elle aussi insurgée mardi contre cette décision "idéologique".

"La présence du crucifix dans les classes ne signifie pas une adhésion au catholicisme, mais c'est un symbole de notre tradition", a déclaré la ministre, citée par l'agence Ansa.

"L'histoire d'Italie passe aussi à travers des symboles: en les supprimant on supprime une partie de nous-mêmes. Dans notre pays, personne ne veut imposer la religion catholique".

"Personne, et encore moins une cour européenne idéologique, ne réussira à supprimer notre identité. Notre Constitution reconnaît en outre, justement, une valeur particulière à la religion catholique", a-t-elle ajouté.