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Iran: manifestation d'opposants réprimée

En Iran, les anti-Américains font savoir leur mécontentement.
En Iran, les anti-Américains font savoir leur mécontentement.
La police anti-émeute iranienne a dispersé mercredi des milliers de partisans de l'opposition qui manifestaient à Téhéran contre le président Ahmadinejad. Ces troubles ont éclaté en marge d'un rassemblement officiel pour le 30e anniversaire de la prise de l'ambassade des Etats-Unis.

Après plusieurs heures de heurts avec la police, les
manifestants ont quitté les rues en milieu de journée. Le
rassemblement, à l'appel du pouvoir, devant l'ancienne ambassade
des Etats-Unis à Téhéran, s'est également achevé. Mais les forces
de sécurité, incluant la police anti-émeute et la milice islamique
des Bassidji, quadrillaient toujours le centre-ville.



Malgré l'interdiction des autorités, les partisans de l'opposition
qui conteste la réélection le 12 juin de l'ultraconservateur
Mahmoud Ahmadinejad en parlant de fraude massive, sont descendus
dans la rue, profitant de l'organisation du rassemblement
anti-américain.

Matraques et gaz

Aux cris d'"Allah Akbar (Dieu est grand)" et "Mort au
dictateur", des milliers d'entre eux ont manifesté sur la place
centrale Haft-e Tir, selon des témoins. Les policiers, des membres
des forces de sécurité en civil et les Bassidji, mobilisés pour
l'occasion, sont intervenus à coups de bâtons et de gaz
lacrymogène, ont-ils ajouté.



Un nombre incertain de manifestants ont été blessés ou arrêtés.
L'un des chefs de l'opposition, Mehdi Karoubi, a été pris à partie
par des officiers en civil, rapporte son site internet Tagheer. "Un
de ses gardes du corps a été hospitalisé", ajoute le site sans
d'autres précisions. Ailleurs à Téhéran, deux groupes de
manifestants se sont fait face. Les partisans du pouvoir criaient
"Mort à l'Amérique" et ceux de l'opposition répliquaient "Mort à la
Russie", selon les témoins.

Des dégâts

Narguant la
police, d'autres opposants, la plupart des jeunes, se sont
rassemblés par petits groupes dans des contre-allées en criant
"Mort au dictateur". A chaque intervention des policiers, ils se
déplaçaient vers d'autres secteurs, soit leur lançaient des
pierres. Les opposants ont mis le feu à des bennes à ordures, cassé
les vitres de bus et attaqué des policiers, selon l'agence
iranienne IRNA.



A quelques centaines de mètres de la place Haft-e Tir, des
milliers de personnes se sont rassemblées devant l'ancienne
ambassade américaine. Arborant des drapeaux iraniens, ils ont crié
les slogans habituels de "Mort à Israël" et "Mort à l'Amérique". La
dernière manifestation de l'opposition remonte au 18 septembre.
Elle avait alors profité d'un rassemblement officiel
pro-palestinien pour apporter son soutien à son chef et ancien
candidat, Mir Hossein Moussavi, battu par Mahmoud Ahmadinejad.

Il y a trente ans

Après l'élection controversée, des dizaines de personnes avaient
été tuées et quelque 4000 arrêtées lors de troubles qui ont plongé
l'Iran dans sa plus grave crise politique depuis le révolution
islamique de 1979.



Le 4 novembre 1979, des étudiants islamistes ont pris d'assaut
l'ambassade américaine avant de prendre en otage ses diplomates
pendant 444 jours. Les relations diplomatiques entre Téhéran et
Washington ont été rompues en avril 1980. Depuis, une manifestation
est organisée annuellement devant l'ex-ambassade américaine, alors
que la Suisse représente les intérêts américains à Téhéran.



agences/lan

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La prise d'otages était "une erreur"

Le grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a déclaré mercredi que la prise d'otages à l'ambassade des Etats-Unis il y a trente ans par des étudiants islamiques était une erreur.

"L'occupation de l'ambassade américaine avait eu au départ le soutien des révolutionnaires iraniens et de l'imam Khomeyni et je l'ai moi-même soutenue", a-t-il dit sur son site internet.

"Mais compte tenu des répercussions négatives et de la haute sensibilité que cet acte avait créé chez le peuple américain et qui existe toujours, il n'était pas correct de faire cela", a-t-il ajouté.

"En principe l'ambassade d'un pays est une partie intégrante de ce pays et le fait d'occuper l'ambassade d'un pays qui n'est pas en guerre contre nous est comme une déclaration de guerre contre ce pays. Cela n'est pas une chose correcte", a encore dit l'ayatollah dissident.

"Selon mes informations, certains qui ont mené cette action ont admis que c'était une erreur", a-t-il indiqué. Il y a trente ans, le 4 novembre 1979, des étudiants islamiques retenaient en otages des diplomates américains à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran.

Cette prise d'otages, qui a duré 444 jours, avait provoqué la rupture des relations entre les deux pays. Ces étudiants exigeaient l'extradition du Shah, Mohamed Reza Pahlavi, soigné pour un cancer aux Etats-Unis, ainsi que la remise de sa fortune à l'Iran.

Leur position restera inchangée pendant les quatorze mois de la prise d'otages et même après le décès du Shah en juillet 1980. Les otages ont été libérés le 20 janvier 1981, au terme d'un accord conclu entre Washington et Téhéran, grâce à une médiation algérienne.

Téhéran doit choisir, affirme Obama

L'Iran doit choisir entre rester fixé sur le passé ou ouvrir la voie à plus d'opportunités, de prospérité et de justice pour son peuple, a estimé mercredi Barack Obama. Le président américain s'exprimait à l'occasion du 30e anniversaire de la prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran.

"Depuis 30 ans nous entendons ce contre quoi est le gouvernement iranien; la question désormais est pour quelle sorte d'avenir est-il?", a déclaré Barack Obama dans un communiqué.

"Il est temps pour le gouvernement iranien de décider s'il veut rester fixé sur le passé ou s'il veut faire les choix qui ouvriront la porte à plus d'opportunités, de prospérité et de justice pour son peuple", a-t-il ajouté.

Depuis la rupture des relations entre l'Iran et les Etats-Unis, la Suisse représente les intérêts de Washington à Téhéran. Ce mandat permet aux deux pays d'entretenir un minimum de relations consulaires et diplomatiques.